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Après les attentats de janvier à Paris dont tout le monde a parlé et dont la majeure partie de l’humanité n’est plus capable d’entendre parler, une réflexion sur la liberté d’expression a suivi. Beaucoup de gens ont appuyé la cause #JesuisCharlie. Deux jours plus tard, Jean Tremblay, le maire de Saguenay, tête de turc des Québécois, affirmait que ces crimes étaient l’œuvre du démon. Les gens lui ont dit de se la fermer, les mêmes gens qui étaient en accord avec la liberté d’expression. Ces mêmes gens voulaient enlever celle d’un maire jugé trop idiot et cinglé, mais prônaient le droit de s’exprimer à tout le monde. Plutôt ironique? Je crois personnellement que la liberté d’expression possède ses limites. Cependant, dans mon cas, le maire Tremblay n’a pas franchi ses limites, il dit juste des choses qui le font passer pour un bouffon .
En effet, les commentateurs, généreusement appelés grandes gueules , s’amusent beaucoup à critiquer la société. Cependant, ceux-ci sont souvent en train d’entraver ou de discriminer un groupe de gens, voire une personne, pour défendre leurs opinions. C’est là l’un des problèmes de la liberté d’expression. Elle commence là ou se termine celle des autres. Prenons Richard Martineau, animateur à LCN et chroniqueur principal du Journal de Montréal. Celui-ci affirme à tous les deux jours environ, ses opinions, en insultant bien sûr ceux qui ne pensent pas comme lui et s’amuse à rabaisser les jeunes, en grande partie. Je le cite, dans sa chronique mercredi le 25 mars 2015 : Si à 53 ans, tu penses comme tu pensais à 23 ans, tu as perdu 30 ans de ta vie. Tu n’as rien appris. Tu n’as rien vécu. La vie t’est passée dessus comme l’eau sur le dos d’un canard. Vous savez ce qui est vraiment épeurant? Les gens aux cheveux gris qui essaient de vous faire croire qu’ils sont encore jeunes dans leur tête. En fait, ce n’est pas épeurant, c’est carrément pathétique. Ces gens sont incapables de vivre avec l’idée qu’ils ont vieilli. Ça les attriste .Alors ils jouent aux «Yo», aux jeunes rebelles, aux délinquants de salon. Assis sur leur sofa, un verre de rouge à la main, ils vous tapent gentiment dans le dos en vous disant «Bravo, pour vos manifs, continuez, allez-y, bottez le cul du gouvernement!» . Il critique les adultes qui soutiennent les jeunes, qui ne sont pas au courant du monde car justement, que savent les jeunes comparativement aux vieux (discours qu’il tient fréquemment d’ailleurs). Un autre datant de samedi le 28 mars 2015? Tu rêves d’un Québec plus à gauche? Parfait. Cesse de scander des slogans dans la rue, et mets l’épaule à la roue. Françoise David et Manon Massé t’attendent. (Amir Khadir, par contre, préfère que tu te fasses matraquer par la police, il trouve ça plus cinématographique, plus spectaculaire… C’est un grand romantique et ça lui rappelle sa jeunesse révolutionnaire.) . Se rabaisser à faire une attaque personnelle, donc attaquer quelqu’un, dans un quotidien très lu, c’est dépasser la limite. Beaucoup de gens ne comprennent pas comment cet homme réussit encore à se faire publier, en ne faisant qu’attaquer les gens. Aussi, depuis ces articles parus, il n’a parlé que des jeunes en les critiquant, comme si la seule chose qu’ils étaient aptes à faire c’est de mal écrire et d’agir en imbéciles. Désolée Monsieur Martineau, mais ce n’est pas ainsi que la société fonctionne. Si les gens avaient pensé comme vous lors du dernier siècle, aucune révolution ne se serait mise en marche. C’est sans compter les fois où vous dites que les avancées des minorités nuisent à l’homme blanc hétérosexuel carnivore. Ou que vous associez les gens souffrant de dysmorphie de genre avec ceux enviant la culture noire. Tellement la même chose. Mais rassurez-vous, il n’est pas le seul à dire des bêtises.
Les internautes sont à eux-mêmes une autre preuve de la liberté d’expression qui est limitée dans les faits. L’histoire de Naomie Tremblay , la jeune fille qui a été tirée dans le visage par un policier armé d’un fusil à gaz lacrymogène, a fait énormément parler d’elle. Cependant, un groupe de gens mal intentionnés ont créé une page Facebook pour faire des blagues sur sa blessure et sur elle. Des blagues d’une certaine cruauté, de l’intimidation virtuelle et de l’indécence, la plupart des gens, qu’ils appuient ou non la grève se sont mis en accord : cette page est inacceptable. Cependant, elle a bien existé. La limite de l’expression a été atteinte. C’est dans des cas comme celui-ci qu’on s’aperçoit que malgré tout, les gens ne sont pas capables de tout tolérer. J’ai aussi pu voir dans mon fil de nouvelle un débat, comme quoi la page de la fille devrait être tolérée, car il y en avait une pour demander la démission du policier et que certains commentaires le menaçaient de mort. Or, ce que les gens essayaient de lui faire comprendre, c’est qu’il s’agissait ici de débordements, alors que la page de la fille était destinée uniquement à cela. L’auteure de la publication était entêtée, à un tel point que les gens ont cessé d’argumenter. Cependant, ce qui est advenu de la publication, c’est un ramassis d’images se moquant de la personne, du coup, plus personne ne voulait la voir, en dehors de ceux ayant eux-mêmes publié. Cette histoire est la preuve que la liberté d’expression est limitée à ce qui ne blesse pas les autres.
En bref, selon mes observations, la liberté d’expression semble s’arrêter là où commence le respect d’autrui. La plupart des critiques vraiment négatives qui sont visibles au sujet de celle-ci sont toutes par rapport à une attaque personnelle prononcée dans le commentaire ou article. La liberté d’expression a bel et bien une limite quand vient le temps de respecter les autres. Elle s’arrête là où commence celle des autres.
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