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Le dix mai 2015, David arrive au poste de Sorel-Tracy. Il est 8 h 30 alors que sa journée commençait à 9 h. Il aime arriver plus tôt pour nettoyer son grand bureau de commissaire. Adam et Eva le saluent alors qu’il traverse la salle du commissariat. Adam et Eva sont des enquêteurs qui aident David pour les cas de meurtres. David rentre dans son bureau parfaitement nettoyé. À peine a-t-il le temps de s’asseoir qu’Eva entre dans son bureau.
-Tenez ! Le dossier de la dernière enquête
-Ah ! Parfait
Il se met donc à éplucher le dossier et Eva retourne à son plan de travail. Pendant ce temps à l’autre bout de la ville dans une maison abandonnée, Caïn, un grand homme brun de 6 pieds mange une bonne soupe volcanique. Il prend une pause. Son travail a tendance à lui creuser l’appétit. Une fois fini, il dépose son bol dans un vieux lavabo rouillé et traverse tranquillement un salon délabré. Une moitié de divan trône sur la pièce, une télévision sans vitre s’appuie sur un meuble moisi et des milliards de trous dans les murs composent la pièce. Caïn monte les marches bancales. Une marche cède et il doit se retenir de sa main blessée. Un juron se faufile tel un serpent entre ses dents. Il se jure de remplacer ces marches en grimpant les dernières. En haut, il observe la brèche de sa main et jure dans sa barbe. Il traverse frustré le long corridor des cent portes. Il prend une porte à droite et entre dans une pièce abyssale. L’ancienne chambre renferme une odeur horrible, une odeur d’urine, de sang et d’excréments fermentés depuis au moins 3 jours. Caïn s’approche du centre de la chambre. Au centre de celle-ci, un homme âgé d’une soixantaine d’années gît recroquevillé sur lui-même dans une mare de sang séché et de déchets naturels. Les poings du vieillard, liés comme ses jambes, l’empêchent de se mouvoir librement. Caïn s’agenouille près de sa proie et émet un rire profond réveillant l’âme pure qui s’est assoupie.
-Pourquoi vous me faites ça ?
-À quoi ça t’sert d’savoir ça ?
L’homme tousse et crache ses poumons. Un peu de sang se retrouve sur le pantalon de Caïn. La colère l’emporte et il botte le vieux dans le ventre. Il lui crache ensuite un jet de salive au visage. Caïn prend une matraque noire accrochée au mur et frappe à grands coups sur l’homme à barbe grise. Après une dizaine de coups, l’homme perd connaissance. Caïn a un gout du sang très prononcé. Quand il était jeune, ce jeune homme aux mains effilées aimait arracher les pattes des mouches et découper de petits animaux. Malgré les reproches des parents et des psychologues, il est resté comme avant. Il l’a simplement reporté aux humains.
Ce matin David travaille seul sur les disparitions des dernières années. Il travaille rigoureusement tous les jours de sa vie sur ces cas, mais les indices sont peu nombreux et les suspects sont presque inexistants. Aucun ADN, aucun mobile valable, le seul lien entre les victimes est l’endroit où ils ont été kidnappés. Cette situation frustre David qui déteste laisser une enquête inachevée. Il délaisse alors le dossier et passe à celui qu’Eva lui a apporté. Double homicide à l’arme blanche, un homme de 34 ans a assassiné sa femme et l’amant de celle-ci. Il a été rapidement arrêté et maintenant il séjourne indéfiniment en prison. Pour la forme, David relit toujours le dossier une dernière fois avant de le clore.
Trois jours plus tard, Caïn se lasse de torturer sa proie. Ce matin, il monte à l’étage de la ruine qu’il utilise. Il fait quelques pas, de ses grandes jambes minces et félines, dans la chambre, prend dans ses gants de cuir la matraque et frappe. Il achève le vieil homme rapidement puisqu’il est très affaibli après toutes ces semaines de torture et de malnutrition. Commence alors la partie difficile de son boulot, Caïn nettoie toute la maison à l’eau de javel alors que le corps prend un bain d’acide. Il sait comment faire disparaître un corps sans laisser de traces. Deux heures et demie après s’être débarrassé du corps, Caïn est à la recherche de sa prochaine victime. Caïn décide de prendre plus de risque cette fois-ci. De plus, il est complètement tombé sous le charme de sa prochaine victime. Il cherche une proie dans les bars et voit une jolie blonde qui se fait tourner autour par 5-6 hommes saouls. Au moment où il l’a vue, il sait qu’il ramènerait cette femme chez lui. Effectivement, à la fin de la soirée la fille d’Ève sur le bord du coma éthylique est attachée dans la chambre à la place du vieil homme.
David a un lever de soleil éprouvant ce matin. 6 h 30, il reçoit un appel du central de police. Il s’habille avec les vêtements de sa garde-robe réglé comme du papier à musique et part prestement. Dans un petit bar de la ville, les policiers fourmillent. Les proches de la portée disparue ont rapidement signalé sa disparition. David est euphorique. Il a enfin une piste sur cette affaire qui traîne. Malheureusement, la police n’a trouvé aucune trace valable. Les témoins sont les seuls indices qui peuvent faire avancer l’enquête. David est ressorti de la taverne avec un simple portrait-robot.
Du liquide écarlate neuf dans la maison, Caïn adore ce moment où il reçoit la visite d’un nouveau jouet. Cela fait trois fois aujourd’hui qu’il monte la voir accompagnée de ses outils. Par contre, il se désole du fait que cette victime est beaucoup plus fragile et qu’elle ne tiendra certainement pas longtemps. Caïn a bien fait de prendre plus de risque. Généralement, il recherche ses victimes dans des endroits peu achalandés pour éviter de laisser des indices, mais le choix en est imputé. En revanche, la qualité est beaucoup plus intéressante que celle d’un vieillard odorant.
David quant à lui est sur une bonne piste. Il a reçu plein de nouvelles informations sur le criminel, mais pas suffisamment pour pouvoir le retrouver et l’arrêter. Depuis la journée où la police a repris activement ce dossier, David travaille jours et nuit. Il écrit sur son ordinateur et fait des recherches pour avancer l’enquête. Avant d’aller se coucher avec sa femme, il passe devant un miroir où il se regarde quelques secondes. Ces cheveux gris commencent à rallonger et ses yeux fatigués sont encadrés de petites pattes d’oie. Il passe sa main dans son cou qui avec l’âge commence à se rider. David n’aime pas se voir vieillir. Il s’endort finalement avec sa femme. Puis le lendemain, il part visiter des personnes ayant des renseignements importants à propos du criminel. La journée passe tel un éclair dans le ciel et les informations s’accumulent. La police a placardé le portrait-robot et cherche partout des indices à propos du kidnappeur.
Caïn n’a pas connaissance de l’enquête de police. Il passe sa journée dans la chambre avec la blonde et ses précieux outils. Il tient de sa main gauche une perceuse et de la droite une pince. Dans sa boite à outils se trouve une trousse de premiers soins, des scies et couteaux divers et un tas d’autre brique- à-braque qu’il n’utilise que rarement. La femme se débat alors que la perceuse tourne et crie alors qu’elle entre. Caïn s’amuse comme un fou et ne voit pas le temps passer. Le bruit de son ventre le ramène sur terre. Caïn commence à soigner sa proie pour ensuite lui donner à manger et manger lui-même. Puis quelques heures plus tard, il recommence son travail.
David reçoit un appel d’Adam ce soir-là.
-On a son identité et possiblement son quartier monsieur.
-merveilleux lieutenant Adam ! appelez les renforts nous partons là-bas immédiatement.
-Oui monsieur !
David agrippe son grand imperméable brun, passe un peigne rapide dans ses cheveux fins et rentre dans sa voiture de police banalisée.
Caïn entend des sirènes de police au loin. Il est peut-être troublé et psychopathe, mais pas crédule. Il sait que la police vient pour lui. Il agrippe son arme à feu de secours, tire quelques coups rapides sur la blonde pour l’achever et se place en embuscade dans un coin de sa banale maison.
Tout s’est déroulé très vite. La police a fouillé le cartier de maisons abandonnées. Puis trois coups de feu parviennent de la maison du criminel. David qui se retrouve juste à côté accourt son arme à la main dans la maison. Caïn a réussi à éliminer deux policiers avant qu’ils ne puissent sortir leur arme. L’entrainement de tir a porté ses fruits. David entre, une arme chargée à la main, dans un champ de ruines où gîsent deux corps. Eva est étendue dans une mare de sang avec un policier inconnu. Caïn aperçoit depuis sa planque un nouveau policier et tire immédiatement. David réagit promptement au coup de feu et reçoit une balle dans l’épaule. Il aperçoit alors son agresseur face à lui. Une colère profonde qui lui est inconnue monte en son fond et David lève son arme et tire. Caïn s’effondre une balle dans la tête et un sourire aux lèvres. Un mois plus tard, David se tient des fleurs en main et un plâtre sur son autre bras devant la tombe de son amie. Au loin on peut entendre la voix de la femme de David et celui-ci la rejoint pour retourner chez lui ranger son bureau.
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