Partager
Soundjata Keïta, roi mythique de l’empire mandingue
Le mythe du héros Soundjata Keïta (1190-1255) tire ses origines dans l’Afrique de l’Ouest du Moyen Âge, plus particulièrement dans cette région du monde qui s’appelait l’empire du Manding (actuellement le Mali et le sud de la Guinée) et dont Soundjata Keïta est désigné par la tradition comme le fondateur au XIIIe siècle. L’empire du Manding, sur lequel Soudjata Keïta aurait régné de 1235 à 1255, connaît son apogée au XIVe siècle. L’histoire de Soundjata, à la fois personnage historique et héros mythique, est parvenue jusqu’à nous à travers la tradition orale des griots africains. Le griot, appelé djeli dans la langue malinke (mandingue), communicateur traditionnel dans les sociétés d’Afrique de l’Ouest, a longtemps fait office d’historien et de conseiller des rois. Exerçant une fonction qui se transmet de génération en génération selon un système de caste, le griot est un véritable livre d’histoire vivant. Son art se nourrit de cette transmission orale de parent à enfant, mais aussi auprès d’autres griots, à travers ses pérégrinations, par la fréquentation de centres de conservation et d’enseignement de la tradition historique. Il s’agit de villages tels Djoliba-Koto (ou Djoliba-Koro), Kéla, Kita ou Krina, où se trouvent des écoles qui enseignent aux griots les traditions orales relatives à l’histoire du Mali. La tradition du griotisme africain repose également sur un système sophistiqué de comput du temps, qui permet au griot de se rappeler avec une étonnante précision d’événements historiques très anciens[1]. Il faut de plus souligner la dimension prosodique de l’art du griot, puisque ses chants et ses récits sont généralement accompagnés de musique, avec des instruments traditionnels tels le balafon ou la kora.

L’épopée africaine, appelée maana, constitue le premier genre littéraire en importance dans la tradition orale des griots[2], et Soundjata en est le héros principal. Le récit des aventures de Soundjata a été couché par écrit tout d’abord sous le titre Soundjata ou l’épopée mandingue[3] par l’écrivain et historien guinéen Djibril Tamsir Niane (1932-2021), spécialiste de la civilisation africaine[4], et publié en 1960 aux éditions Présence africaine[5]. Cette version du mythe de Soudjata a été recueillie par D. T. Niane dans le village de Djeliba Koro, dans la région de Sigueri, de la bouche du griot guinéen Djeli Mamadou Kouyaté[6] (mort en 1991). Ce griot se décrit lui-même comme « l’aboutissement d’une longue tradition[7] » et se considère d’ailleurs comme un descendant direct de Balla Fasséké Kouyaté, griot de Soundjata et ancêtre de la lignée Kouyaté, qui depuis s’est de père en fils la fonction de griot, maître dans l’art de la parole. Le présent travail vise à faire découvrir le mythe du héros Soundjata, son parcours et ses caractéristiques, à la lumière du modèle héroïque issu de la mythologie comparée et plus particulièrement de l’ouvrage de Philippe Sellier sur Le mythe du héros[8]. Ce modèle constitue un ensemble de traits communs dans la vie, le parcours initiatique, les aventures et les caractéristiques des différents héros mythiques, d’où qu’ils proviennent et de quelque époque qu’ils soient.
C’est le griot qui fait le roi

L’analyse que nous avons menée s’appuie principalement sur la toute première version littérarisée de l’épopée mandingue, celle recueillie par D. T. Niane auprès du griot Djeli Mamadou Kouyaté, qui prétend rapporter fidèlement l’histoire de Soundjata[9], « l’homme aux noms multiples contre qui les sortilèges n’ont rien pu[10]. » L’œuvre étudiée s’ouvre sur une déclaration du griot Djéli Mamadou Kouyaté; il s’agit dans la tradition orale de l’épopée africaine d’un « protocole énonciatif[11] », qui exalte le rôle et la parole toute particulière du griot. La fonction narrative du mythe de Soundjata s’éclaire ainsi de la fonction sociale du griot, faisant partie d’une caste héréditaire, témoin et interprète privilégié du pouvoir politique et transmetteur de la mémoire sociale : « Je suis griot. C’est moi Djeli Mamadou Kouyaté, fils de Bintou Kouyaté et de Dejli Kedian Kouyaté, maître dans l’art de parler. Depuis des temps immémoriaux les Kouyaté sont au service des princes Kéita du Manding : nous sommes les sacs à parole, nous sommes les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires. […] par la parole nous donnons vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations[12]. » Traditionnellement, le griot se veut le détenteur d’un savoir, d’une vérité qu’il est seul à connaître et qui doit en partie demeurer occulte aux non-initiés. Le griot Mamadou Kouyaté oppose par ailleurs l’écriture des Blancs à la tradition orale des griots considérée comme étant plus chaleureuse et plus vivante que l’histoire écrite, piètre connaissance « figée dans les livres muets[13] », qui a, selon lui, tué la mémoire et coupé le lien sensible avec le passé. Djéli Mamadou Kouyaté souligne à plusieurs reprises le rôle essentiel selon lui des griots : « Il n’y aurait pas de héros si les actions étaient condamnées à l’oubli des hommes, car nous agissons pour soulever l’admiration de ceux qui vivent, et provoquer la vénération de ceux qui doivent venir[14]. » Ainsi l’épopée du héros mandingue se présente en même temps comme une épopée de la transmission orale, dont les griots sont eux-mêmes les vénérables héros. « C’est le griot qui fait le roi[15] », affirmait à son tour D. T. Niane lors d’une entrevue en 2018.
Soundjata, fils du buffle et fils du lion
À l’image des héros homériques, la plupart des grands héros mythiques sont issus de parents illustres. Soundjata apparaît sur ce point conforme au modèle héroïque, car la tradition fait remonter sa lignée à Bilali Bounama[16], l’ancêtre des Kéïta, qui était le fidèle serviteur du prophète Mahomet. Soundjata, désigné lui-même comme « l’ancêtre de ceux qui tendent les arcs[17] », est aussi présenté comme le descendant d’une prestigieuse généalogie de princes et de rois mandingues conquérants, désignés comme « sïmbons[18] » en leur qualité de grands chasseurs. Le père de Soundjata, Maghan Kon Fatta, « réputé pour sa beauté[19] », eût trois femmes et six enfants : trois filles et trois garçons. Soundjata naquit de sa deuxième femme, Sogolon Kedjou, ainsi que ses deux sœurs Sogolon Kolonkan et Sogolon Djamarou. La troisième femme du père de Soundjata donna naissance à Manding Bory, qui fut le meilleur ami de Soundjata. Héros aristocratique, Soundjata est le héros aux deux noms : Maghan Djata, du nom de son père, et Sogolon Djata, du nom de sa mère, devenu Soundjata dans la langue rapide des Malinkés.

Autre aspect du mythe conforme au modèle héroïque, la naissance du héros est précédée de présages : d’abord, une prophétie d’un chasseur devin, à l’aide de coquillages (cauris), annonce au griot du père de Soundjata la naissance prochaine d’un fils, fruit de l’union prochain du roi avec une femme bossue, laide et affreuse, qui doit venir de l’Est en compagnie de deux chasseurs : « […] cette femme, roi, tu dois l’épouser car elle sera la mère de celui qui rendra le nom de Manding immortel à jamais […][20]. » Un sacrifice s’avère également nécessaire pour rendre possible l’arrivée de cette femme et de cette naissance extraordinaire : l’immolation d’un taureau rouge. Enfin, une terrible tempête (ciel sombre, nuages, pluie, grondement de tonnerre, éclairs déchirant les nues, tremblement de terre) précède la venue au monde du jeune roi, dont la naissance coïncide avec la réapparition du soleil. De grandes célébrations font suite à la naissance de Soundjata (tams-tams, cadeaux, sacrifices), puis les griots président à son baptême en criant le nom de l’enfant. De façon générale, le lecteur peut percevoir, de la part du griot Mamadou Kouyaté, une croyance à la prédestination qui s’exprime dans des phrases semblant nier toute possibilité de libre arbitre pour les êtres humains : « Chaque homme trouve sa voie déjà tracée, il ne peut rien y changer[21]. » Le mythe du héros Soundjata suit cette même logique de la prédestination héroïque, il comporte explicitement une dimension messianique. Sa venue au monde et son aventure, annoncée par un devin, apparaissent comme l’accomplissement d’une destinée voulue par le Tout-Puissant. Premier à porter le titre de « mansa », réservé aux souverains du Manding, il est « le Na’Kamma; l’homme qui avait une mission à remplir[22] ». À plusieurs reprises, il est désigné comme « sauveur », comme restaurateur de l’empire du Manding, comme celui dont le destin doit s’accomplir.
Le réveil du lion
Il est caractéristique du héros mythique de ne pas se révéler immédiatement au monde, mais de traverser dans son enfance une période de gestation, une phase où le héros mène une vie cachée, dans l’ombre, et souvent en butte à divers périls qui semblent menacer l’accomplissement de sa destinée héroïque[23]. Le mythe du héros Soundjata correspond très nettement à ce critère, puisqu’il est présenté tout d’abord à travers son enfance lente et difficile. Physiquement et intellectuellement, il semble décevoir toutes les attentes : sa laideur physique (il a une grosse tête, de gros yeux), son absence d’éloquence, son visage sévère, rien ne semble laisser présager une figure héroïque. Il est surtout affligé d’une complète impuissance des jambes : à trois ans, il « se traîn[e] encore à quatre pattes[24] », alors que tous les enfants de son âge marchent déjà. Des indices cependant laissent deviner son avenir tout en force. Décrit comme particulièrement gourmand, il est déjà pourvu d’un bras vigoureux, assommant aisément ses petits camarades. Ainsi, sa lente croissance est comparée au développement d’un arbre, le fromager, qui « sort d’un grain minuscule[25] », puis qui s’enracine puissamment et profondément avant de devenir un impressionnant colosse.

À l’image de nombreux héros mythiques, l’enfant est menacé dès la naissance : la première femme de son père, la jalouse Sassouma Bérété, échafaude de « sombres projets[26] » afin de tuer la mère de Soundjata, Sogolon Kedjou. Elle montre une franche hostilité, se moque de l’enfant et se réjouit d’avoir un fils beau et vif, déjà bon chasseur, Dankaran Touman. À la déception causée au père de Soundjata par son fils indigne s’ajoute la naissance de la soeur de Soundjata, qui se révèle aussi laide que sa mère, ce qui entraîne une certaine disgrâce pour Sogolon. Celle-ci et ses enfants se voient délaissés par le roi, qui se marie avec sa troisième femme qui, elle, donne naissance de Manding Bory. Là encore, le destin du héros s’annonce puisqu’un devin prédit que ce dernier-né sera le bras droit d’un roi puissant. Mais avant l’accomplissement de son destin, d’autres épreuves se dressent devant le héros, à commencer par la mort de son père et l’usurpation du trône par Dankaran Touman, aidé par les intrigues de sa mère Sassouma et par le conseil des anciens, qui ne respecte pas le testament du défunt roi, malgré les récriminations de son griot Gnankouman Doua, soutenant qu’un roi qui n’a pas l’usage de ses jambes ne peut régner. Soundjata et sa mère se trouve alors forcés par Sassouma de vivre dans une vieille case, dans l’arrière-cour du palais, et de se nourrir des restes de table. Allant quémander quelques feuilles de baobab à la régente, Sogolon est humiliée par Sassouma en raison de son fils infirme, ce qui provoque la colère de la mère de Soundjata. Celle-ci exprime toute son amertume à ce « fils de malheur[27] » qui est la cause de tant de déception. Cet épisode marquera le grand réveil du lion, ce qui correspond, dans le parcours initiatique du héros, à l’épiphanie héroïque, moment où prend fin sa vie cachée. Décidé à marcher, Soundjata reçoit du forgeron une barre de fer, ainsi que l’annonçait une prophétie, puis se met debout et marche. Accomplissant alors son premier exploit, il arrache du sol un baobab et le porte à sa mère. Ce tour de force prodigieux entraîne un revirement de situation des plus favorables pour le jeune héritier légitime : « Hier, méprisé et objet de la risée publique, le fils de Sogolon était maintenant aussi aimé qu’il avait été méprisé[28]. » Dès lors, Soundjata n’aura de cesse de susciter l’admiration par ses prouesses et ses faits d’armes, mais aussi par ses qualités morales. Arrivé à l’âge de dix ans, Soundjata n’est plus l’enfant malingre et solitaire qu’il était; il devient le héros épique tel qu’on l’idéalise, inspirant la crainte par la force décuplée de ses bras et par son éloquence autoritaire. Comme c’est souvent le cas pour les héros mythiques, il se trouve désormais entouré de valeureux compagnons. Au premier rang de ses proches camarades se trouvent son demi-frère Manding Bory, qui le suit comme « son ombre[29] », ainsi que son griot, Balla Fasséké, fils du griot Gnankouman Doua, dont lui avait fait cadeau son père et qui veille sur lui « comme un ange gardien » et qui s’occupe de son éducation. Soundjata et Manding Bory ont aussi pour meilleurs amis Fran Kamara, futur roi de Tabon, et Kamandjan, qui est appelé, lui, à devenir roi de Sibi (Siby). Ces jeunes princes de royaumes voisins, qui partagent ses jeux et qui l’accompagnent à la chasse, agiront au moment venu comme des adjuvants pour le héros dans sa quête pour la souveraineté du Manding[30].

Afrique Occidentale – Soudan.
L’exil de l’enfant-lion
Parmi les opposants à Soundjata se trouvent la reine-mère, Sassmoua Bérété, qui règne à la place de son fils Dankaran Touman, et qui complote pour tuer Soundjata, en achetant le concours de neuf sorcières, « puissances nocturnes », parce que « son destin s’oppose à celui de son fils », mais Soundjata les confond grâce à sa générosité envers elles et s’attire plutôt la protection des sorcières, déjouant ainsi le stratagème de la méchante reine. Soundjata, devant échapper aux menaces de Sassouma Bérété, est contraint de s’exiler, en compagnie de sa mère et de Manding Bory, tandis que le roi Dankaran Touman lui enlève son griot Balla Fasséké en l’envoyant en ambassade. En exil, Soundjata est d’abord en butte aux injures, aux portes fermées et à diverses vexations. Cet exil de Soundjata durera sept années, sept hivernages, durant lesquels il a grandi en vigueur et en sagesse, « tel un jeune arbre[31] ». Au cours de cet exil, Soundjata séjourne chez le roi Mansa Konkon, grand sorcier dont le palais est un « véritable labyrinthe[32] ». Celui-ci défie le jeune héros au jeu de wori[33] et menace de le tuer s’il gagne et de lui donner tout ce qu’il désire s’il perd. Soundjata, pour le prix de son éventuelle victoire, ne souhaite qu’un beau sabre que possède le roi. Il s’avère que Mansa Konkon a été soudoyé par Sassmoua Bérété, qui lui a donné de l’or pour supprimer Soundjata. Encore une fois, le jeune prince, « qui ne savait pas ce que c’était que la peur[34] », triomphe, mais le roi ne respecte pas son engagement et chasse Soundjata, qui promet de revenir se venger. Poursuivant son voyage avec sa caravane vers l’ouest, Soundjata se rend dans le pays de Fouta Djallon[35], auprès du roi de la ville fortifiée de Tabon, père de son ami d’enfance le prince Fran Kamara. Le roi de Tabon lui conseille de poursuivre son voyage jusqu’à Wagadou, ce que Soundjata fera après s’être assuré du futur soutien, lors de son retour à son royaume de Niani, de la puissante armée de Tabon et de son futur chef Fran Kamara. L’épopée raconte ensuite le séjour de Soundjata chez le roi Soumaba Cissé de Wagadou, descendant de Djoulou Kara Naïni[36], désormais inféodé au puissant et cruel seigneur de Sosso, Soumaoro Kanté, le roi sorcier. Soundjata reçoit l’hospitalité du roi Cissé, auprès duquel il montre sa propension à commander : « La modestie est le partage de l’homme moyen; les hommes supérieurs ne connaissent pas l’humilité; Soundjata devint même exigeant, et plus il était exigeant, plus les serviteurs tremblaient devant lui. Il fut très apprécié par le roi […][37]. » Ce même roi de Wagadou le recommande au roi de la ville de Mema, Moussa Tankara. Chez ce dernier, Soundjata et Manding Bory « firent leurs premières armes[38] », s’illustrant par leur force et leurs prouesses guerrières. Soundjata jouit alors de la protection et de l’enseignement du roi Moussa Tankara, grand guerrier et roi sans progéniture, qui traite Soundjata comme un fils, allant jusqu’à le nommer « vice-roi[39] », le désignant commandant du royaume de Mema en son absence.
La majesté du lion et la force du buffle
Ainsi le destin du héros mandingue est de s’élever au rang de souverain suprême, correspondant en cela au principe de souveraineté dans le modèle héroïque. Devenu homme, il s’impose aux yeux de tous comme l’image même du roi de qui émane une impression de puissance : « À dix-huit ans il avait la majesté du lion et la force du buffle. Sa voix était l’autorité, ses yeux étaient des braises ardentes; ses bras étaient de fer : il était l’homme du pouvoir[40]. » La référence à Alexandre le Grand, sur lequel Soundjata prend constamment exemple, va dans le même sens. Une note de D. T. Niane nous apprend que d’autres chants attribuables à Balla Fasséké ou plus probablement à d’autres griots comparent fréquemment Soundjata à Alexandre le Grand[41]. Un peu plus loin, Soundjata est célébré par son griot dans un chant que le place juste au-dessous de Dieu : « Niama, Niama, Niama, / Toi, tu sers d’abri à tout. / Tout, sous toi vient chercher refuge. / Et toi, Niama, / Rien ne te sers d’abri. / Dieu seul te protège. » Les allusions à la souveraineté de Soundjata vont de pair avec le principe de solarité du héros. Les exemples foisonnent qui évoquent l’astre solaire au sujet du héros : né en même temps que le lever du soleil, tantôt il « rayonne » sur le monde, tantôt sa gloire est comparée à « la lumière qui devance le soleil[42] ». Son retour au pouvoir est annoncé pareillement comme une aube nouvelle : « L’exil va finir, un autre soleil va se lever, c’est le soleil de Soundjata[43]. » Au terme de sa quête, le roi légitime pourra se réapproprier le trône de son père, devenant lui-même un père pour son peuple, figure paternelle coïncidant avec le symbolisme du soleil, « symbole du père » et « symbole du principe générateur masculin et du principe d’autorité[44] ». Dans la représentation de Soundjata, la solarité du chef suprême s’accompagne d’autres symboles qui confirment cette image de pouvoir et de puissance, telle l’image du lion, « [p]uissant, souverain, symbole solaire et lumineux à l’extrême, le lion roi des animaux[45] », en lequel se trouvent réunis les principes de solarité et de souveraineté.

Au compte des symboles de souveraineté, il faut ajouter l’image de l’arbre, auquel Soundjata est comparé à quelques reprises, et qui possède d’un point de vue symbolique « un caractère central », qui constitue une « figure axiale », ou qui mieux encore peut symboliser « le pouvoir grandissant d’un roi[46] ». Il en va de même pour le symbole de l’arc, arme par excellence du héros Soundjata, qui peut être considéré comme un emblème de royauté et de puissance guerrière, tandis que le tir à l’arc, sur le plan symbolique, est à la fois « fonction royale » et « fonction de chasseur[47] ». L’image du buffle, totem dont Soundjata a hérité de sa mère, semble quant à elle avoir pour effet d’adoucir la figure quelque peu terrible du roi puissant, le boeuf (ou le buffle) pouvant être considéré comme « un symbole de bonté, de calme, de force paisible[48] », ou dans certains cas être associé à la figure du « héros civilisateur ». Conjuguant la puissance et la bonté, la force et le sens de la justice, Soundjata apparaît alors comme « un héros entièrement positif de par ses qualités et son action[49] ». Il réalise ainsi les fonctions essentielles associées à la figure du souverain central, soit « l’établissement de la Justice et de la Paix, c’est-à-dire de l’équilibre et de l’harmonie du monde[50]. » On verra apparaître de façon plus marquée cette image du souverain justicier et législateur lorsqu’il aura défait ses ennemis et qu’il sera rétabli sur le trône.
Le rugissement du lion
La souveraineté solaire de Soundjata apparaîtra alors avec autant d’éclat que le règne de son usurpateur, Dankaran Touman, fut terne. Toutefois, ce roi illégitime, manipulé par sa mère, se caractérise moins par sa méchanceté que pas sa faiblesse : « […] Dankaran Touman était ce qu’il y a de plus effacé; à dix-huit ans il était encore sous l’influence de sa mère et de quelques vieux intrigants[51]. » Face au tyran Soumaoro, il se rallie à Fakoli, neveu rebelle de Soumaoro, mais il ne réussit qu’à montrer son impuissance, prenant la fuite de Donkaran Touman et laissant le Niani sans maître. Le véritable adversaire du héros-guerrier qu’est devenu Soundjata, c’est bien le terrible roi-sorcier Soumaoro Kanté, roi de Sosso, qui impose son joug sur les royaumes du Manding, de Wagadou et de Diaghan. Dans un article s’intéressant au même sujet que le nôtre, Dame Kane recadre l’opposition entre Soundjata et Soumaoro dans le contexte d’une société de castes fondées sur les métiers : « Son héros [Soundjata] a évolué dans un cadre historique marqué par une forte rivalité entre les chasseurs groupe socio-professionnel de Soundjata Keita et les forgerons dont la figure la plus illustre demeure Soumaoro Kanté le Roi-sorcier qui régnait à Sosso et qui était craint par tout son peuple du fait notamment de ses multiples exactions et de ses pouvoirs magiques. » Maître du feu et grand sorcier, Soumaoro s’imposait en effet grâce à de puissants fétiches par lesquels il pouvait lancer la mort sur quiconque. L’affrontement entre Soundjata et Soumaoro rejoint par le fait même la fonction idéologique du mythe, puisque la version transcrite par D. T. Niane érige le héros en défenseur de la religion musulmane face aux superstitions : « Sosso, la ville forte, était le rempart des fétiches contre la parole d’Allah[52] » En effet, Soumaoro avait fait de Sosso une forteresse à triple enceinte, et s’était fait construire une tour à sept étages, au dernier étage de laquelle il habitait au milieu de ses fétiches.
C’est chez le roi-sorcier Soumaoro, qui pratique l’esclavage[53], s’habille de peaux humaines et qui vit entouré de fétiches et de têtes de morts (les têtes des neufs rois défaits par lui), qu’est retenu le griot de Soundjata, Balla Fasséké, qui a été enlevé par le roi de Sosso[54]. Comme mentionné plus haut, la résistance est impuissante face au tyran, qui exerce sa domination sur le Manding, malgré la rébellion de Fakoli, neveu de Soumaoro, qui s’est fait enlever sa femme par Soumaoro, et malgré l’appui à ce dernier du faible Donkaran Touman. Soumaoro pousse l’affront jusqu’à anéantir Niani, ville natale de Soundjata. En exil chez le roi de Mema, Moussa Tankara, Soundjata atteint ses dix-huit ans et se trouve prêt à accomplir son destin du roi du Manding, mais il doit nécessairement affronter ce « génie du mal[55] », qui prend plaisir à fouetter les vieillards et à enlever les jeunes filles. La résistance s’organise alors qu’une prophétie des devins annonçant le règne prochain de « l’homme à deux noms[56] ». Une équipe d’ambassadeurs est formée[57] afin de retrouver Soundjata, en exil depuis sept ans. Déguisés en marchands de gnougou et de feuillles de baobab, produits du Manding, les ambassadeurs retrouvent Soundjata à Mema. Suite à la mort de sa mère Sogolon Kedjou, la femme-buffle, Soundjata veut prendre congé du roi de Mema et lui demande la permission d’enterrer sa mère sur ses terres. Outré que Soundjata veuille le quitter, le roi Moussa Tankara refuse d’offrir une sépulture pour la mère de Soundjata, mais il finit par se soumettre après que le héros lui ait fait comprendre que sa ville serait détruite s’il n’acceptait. La puissance et la souveraineté de Soundjata s’affirment de plus en plus nettement. La sœur de Soundjata, Nana Triban, et son griot Balla Fasséké, qui ont pu s’échapper de Sosso, révèlent au jeune prince le secret du « Tana » de Soumaoro, raison de la puissance magique de celui-ci. On apprendra plus tard qu’il s’agit d’un ergot de coq, dont Soundjata se servira contre Soumaoro, en l’utilisant comme pointe de flèche. Soundjata rallie les guerriers de Mema et de Wagadou, puis il se met en marche pour rejoindre son ami Fran Kamara, désormais roi de Tabon. Sur son chemin, il affronte l’armée de Sosso-Balla, fils de Soumaoro, qu’il met en déroute, grâce à sa cavalerie et à ses exploits personnels, « tel un lion dans une bergerie[58] ». S’ensuit la bataille de Negueboria entre les armées de Soumaoro et de Soundjata, qui voit la victoire de l’armée de Soundjata. Cependant, par le moyen de sorcellerie, Soumaoro échappe à la colère de Soundjata. Une nouvelle bataille à Kankiné, suite à une attaque surprise, s’avère une demi-défaite de Soundjata face aux troupes de Soumaoro, mais cela fait qu’accroître la colère de Soundjata, dont le destin est en marche. À Sibi, Soundjata réunit et fédère sous son autorité tous les grands seigneurs du Manding, Siara Kouma, du pays de Toron, Faony Kondé roi du pays de Do et de Kri, Mansa Traoré, roi de la tribu des Traoré, ainsi que Kamandjan, autre ami d’enfance de Soundjata, roi de Sibi et père des Kamara Dalikïmbon, armés de longues lances.

Dans la grande plaine de Sibi, les héros du Manding font montre de leurs prouesses. Puis, Soumaoro et Soundjata, par l’entremise de deux hiboux envoyés en ambassade, rivalisent dans une joute verbale et se déclarent off

iciellement la guerre pour le trône du Manding[59]. La veille de la bataille finale, Balla Fasséké rappelle à Soundjata l’histoire du Manding pour qu’il se montre, le matin, digne de ses ancêtres : […] tu tiens au Manding comme le fromager tient au sol, par des racines puissantes et profondes[60]. » Lors de la bataille finale à Krina, Soundjata et ses armées mettent en déroute Soumaoro, après que Soundjata l’eut atteint à l’épaule avec son « tana », lui faisant perdre ses forces. Soumaoro aperçoit l’oiseau de Krina, un grand oiseau noir annonçant la mort[61]. Ceci provoque sa fuite et la débâcle de ses armées. Jusqu’à Koulikoro, Soundjata et Fakoli, le neveu révolté de Soumaoro, poursuivent ce dernier et son fils, à cheval d’abord, puis à pied, après que Fakoli eut fait prisonnier son cousin Sosso-Balla. Soumaoro se réfugie dans la grotte de Koulikoro, où il est encerclé par l’armée de Soundjata. Soumaoro disparaît mystérieusement dans la montagne[62]. On assiste ainsi à la victoire de Soundjata, qui soumet sous son autorité les rois de tous les pays de la savane.
Le retour triomphal du roi des rois
Devant l’ensemble des peuples réunis dans la clairière de Kouroukan Fougan à Kà-ba, dans le pays de Sibi, autour du « grand siège » de Soundjata, celui-ci est désigné par Balla Fasséké comme « sauveur » et restaurateur de la paix et de l’ordre[63] »; on l’appelle « chef suprême », « Fama des Fama[64] », c’est-à-dire « roi des rois ». Soundjata reçoit ensuite la proclamation des douze rois du clair-pays de la savane, le Manding. Soundjata rend à chacun des douze rois sa lance et son royaume, et scelle une alliance avec chacun d’eux, puis il promulgue un ordre nouveau : de là vient la « charte du Manden[65] », par laquelle le nouvel empereur prononce les interdits, assigne les terres et établit les droits de chacun[66]. Il réserve par ailleurs au clan Kouyaté le privilège de la fonction de griot et le droit de plaisanter de toutes les tribus. Une marche triomphale de Soundjata à travers le Manding se déroule ensuite, jusqu’à son retour à Niani, devenue la capitale, qu’il fait reconstruire et où il fait régner la paix, la justice et le bonheur, à la fois craint et aimé de son peuple. Le héros doit cependant vaincre la résistance du chef de tribu Noumounkeba, retranché derrière les remparts de la « formidable ville[67] » de Sosso, la « ville imprenable, ville des forgerons habiles à manier la lance[68] ». Soundjata et son armée assiège la ville de Sosso. À grands renforts des archers, qui lancent des flèches enflammées, Soundjata réussit à prendre la ville au terme d’une bataille épique. Il soumet Noumounkeba, réduit en cendres les fétiches de Soumaoro, puis il détruit son palais et la ville entière, ne laissant qu’un « champ de désolation[69] ». Le règne de Soundjata advient et l’empire du Manding est rétabli : « Après la destruction de la capitale de Soumaoro, le monde ne connaissait plus d’autre maître que Sogolon-Djata[70]. » Cependant, Soundjata doit encore défaire le roi de Diaghan, resté fidèle à Soumaoro même après la destruction de Sosso, de même que Kita Mansa, roi protégé par des génies de la grande montagne qui domine la ville, Kita Kouron, et par une mystérieuse mare dont l’eau magique rend puissant. Toujours conseillé par les devins, Soundjata est parvenu à vaincre Kita Mansa en invoquant les génies de la montagne et offrants des hécatombes. Buvant de cette eau magique après sa victoire sur Kita, Soundjata s’en trouve transfiguré : son regard apparaît d’« un éclat insoutenable » et lui-même « rayonnait tel un astre[71] ».

Contrairement aux gens de Kita, qui ne chassaient jamais dans la montagne par crainte des génies, Soundjata était devenu « l’élu des génies[72] ». Son autorité est bientôt reconnue dans tout le pays. Ici s’achève le récit par Djéli Mamoudou Kouyaté de la vie de Soundjata, dont la sépulture se trouverait non loin de Niani, à Balandougou. Le griot ajoute que « son esprit vit toujours et les Kéita, aujourd’hui encore, viennent s’incliner devant la pierre sous laquelle repose le père du Manding[73]. » D. T. Niane mentionne d’autres sources qui nous renseignent sur la mort du grand roi du Manding : certaines versions le disent « tué d’une flèche au cours d’une manifestation publique », soit accidentellement, soit par traîtrise, comme c’est d’ailleurs souvent le cas pour les héros mythiques. La version la plus répandue de la mort du héros le prétend toutefois mort « noyé dans le Sankarani », rivière coulant près Niani, et enterré tout près de là. Cette mort semble pouvoir être interprétée comme une façon de boucler la boucle, comme une sorte de retour aux sources, le héros retournant aux eaux originelles, dans le pays qui l’a vu naître.
Permanence du mythe de Soundjata
Le mythe de Soundjata ressurgit régulièrement dans divers domaines, notamment en politique, alors qu’il est demeuré un « modèle à imiter[74] » pour les souverains africains du passé qui sont allés jusqu’à se considérer comme la réincarnation de Soundjata, et même pour certains chefs d’État modernes (par exemple Sékou Touré, Modibo Keïta, Laurent Gbagbo[75] ou Modibo Sidibé), qui se réclament du rôle unificateur qu’il joua en son temps pour appuyer leur idéologie politique.

Après avoir alimenté la parole des griots des siècles durant, le mythe de Soundjata est récupéré par les écrivains qui, dans la foulée de D. T. Niane et de Youssouf Tata Cissé, ont recueilli des versions du mythe auprès de griots, puis en ont offert des traductions écrites[76]. Avec l’avènement de la modernité, le personnage de Soundjata continue d’inspirer bon nombre d’écrivains[77] et d’artistes, notamment des musiciens d’Afrique de l’Ouest, dont plusieurs s’efforcent de perpétuer la tradition des griots

Parmi ceux-ci, on doit citer tout d’abord le chanteur et musicien malien Salif Keïta, descendant direct de Soundjata, ainsi que le griot guinéen Mory Kanté qui, avec leur groupe le Super Rail Band, font partie des nombreux musiciens qui ont chanté le héros mandingue[78]. Parmi eux, nous pourrions inviter le lecteur à prêter l’oreille, par exemple, à la musique du chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly, qui s’est inspiré lui aussi de Soundjata.
Au cinéma également, le mythe de Soundjata a trouvé un écho dans le film Keïta! L’héritage du griot (1997) de Dani Kouyaté, griot et réalisateur du Burkina Faso. Son film représente l’histoire de Soundjata racontée par le griot Djéliba à un jeune garçon nommé Mabo Kéïta, qui désire connaître l’histoire de son ancêtre. L’enseignement traditionnel du griot est mis en opposition avec l’enseignement plus moderne de l’école que fréquente le garçon.

Il faut encore mentionner peut-être les dessins animés Soundjata Keïta, fils du Mandé, produit en 2011 par VidéoGraph et Mali Toon, et Soundiata Keïta, le réveil du lion¸ sorti en 2014 du studio ivoirien Afrika Toon. Dans le domaine des arts plastiques, hormis une œuvre du peintre Philippe Abril et quelques toiles du peintre guinéen Traoré Kaba, à propos duquel nous ne disposons pas de plus d’information pour le moment, les images ayant pour sujet Soundjata semblent surtout être le fait d’artistes ayant collaboré à des bandes dessinées, telle Sunjata : warrior king of Mal (2008) de Justine et Ron Fontes, et Sandy Carruthers, et à des livres pour la jeunesse comme L’épopée de Soundiata Keïta (2002), écrite et illustrée par l’artiste Dialiba Konaté[79], ou L’épopée de Soundjata (2004) dont le texte, suivant la tradition malinké, est dû à Modibo Sidibé, avec les dessins de Svetlana Amegankpoe. Cela dit, en cette matière comme en tout ce qui concerne la tradition orale des griots, il s’agit ici d’une recension non exhaustive, et en cette matière comme ailleurs, l’auteur du présent texte demande l’indulgence du lecteur, étant un non-initié qui s’ouvre tout juste à la découverte des trésors de la tradition orale africaine.
Esquisse bibliographique
Sources littéraires
CHAUVANCY, Raphaël, Soundiata Keïta. Le lion du Manden, Paris, L’Harmattan, 2015, 202 p.
CISSÉ, Youssouf Tata, KAMISSOKO, Wa, La Grande Geste du Mali. Des origines à la fondation de l’Empire, 2e édition, Paris, Éd. Karthala – Arsan, coll. « Hommes et société », 2007, 428 p.
—, Soundjata, la gloire du Mali. La grande geste du Mali – Tome 2, 2e édition, Paris, éd. Karthala – Arsan, coll. « Hommes et société », 2009, 300 p.
CONRAD, D. C., CONDÉ, D. T., Sunjata : a West African epic of the Mande peoples, Indianapolis, Hackett Publishing Company, 2004, 206 p.
DIABATÉ, Lansiné, L’épopée de Sunjara d’après Lansine Diabate de Kela (Mali), texte recueilli, traduit et annoté par Jan Jansen, Esger Duintjer et Boubacar Tamboura, Leyde, Research school CNWS, 1995 (Édition bilingue), 22 p.
DIABATÉ, Massa Maghan, Kala Jata, Bamako, Éd. Pop. du Mali, 1970, 96 p.
—-, Janjon et autres contes populaires du Mali, Paris, Éd. Présence africaine, 1971 (nombre de pages indéterminé).
—-, L’aigle et l’épervier ou La geste de Sunjata, Éd. P.-J. Oswald / L’Harmattan, 1975
—-, Massa Maghan, Le lion à l’arc, Paris, Hatier, 1986, 128 p.
GBAGBO, Koudou Laurent, Soundjata, Lion du Manding, Abidjan, Éd. Céda, 1979, 102 p.
INNES, Gordon, Sunjata: Three Madinka Versions [versions relatées par Bamba Suse, Banna Kanute et Dembo Kanute], London, School of Oriental & African Studies (SOAS), University of London, 1974, 326 p.
JANSEN, Jan, Épopé, histoire, société. Le cas de Soundjata, Mali et Guinée, Éd. Karthala, 2001, 307 p. [Cet ouvrage historique contient une version l’épopée de Soundjata obtenue auprès des griots de Kéla avec le concours du balafoniste et guitariste guinéen Lansiné Diabaté.]
KESTELOOT, Lilyan, Soundiata, l’enfant-lion, Paris, Casterman, coll. « Épopée », 2006, 104 p.
KONATÉ, Dialiba, L’épopée de Soundiata Keïta, Paris, Seuil jeunesse, 2002, 62 p.
KONAKE, Sory, Le grand destin de Soundjata, Paris, O. R. T. F – D. A. E.C., 1973, 89 p.
LAYE, Camara, Le maître de la parole : Kouma Lafôlô Kouma, Paris, Librairie Plon, 1978, 314 p.
MALOWÉ, Isabelle, Les rumeurs de la terre, Marseilles, Éd. Rod, 2016, 310 p.
NIANE, Djibril Tamsir, Soundjata ou l’épopée mandingue, Paris, Éd. Présence africaine, 1960, 160 p.
SIDIBÉ, Modibo, L’épopée de Soundjata : D’après la tradition orale malinké, ill. de Svetlana Amegankpoe, « Mythes bleus d’Afrique », Éd. Dopnniya, 2006, 22 p.
SISOKO, Maghan, JOHNSON, John Williams, The Epic of Sun-Jara according to Magan Sisoko, Bloomington, Folklore Publications Group, Indiana University, 1979 (nombre de pages indéterminé).
SISOKO, Fa-Digi, The Epic of Son-Jara: A West African Tradition, traduction et étude analytique par John William Johnson, Bloomington, Indiana University Press, 1986 (nombre de pages indéterminé).
SUSO, B., KANUTE, B. Kanute et al., Sunjata : Gambian versions of the Mande epic, Londres, Penguin, 1999, 117 p.
Sources critiques
Livres
CAMARA, Sory, Gens de la parole. Essai sur la condition et le rôle des griots dans la société malinké, Paris-La Haye, Mouton, 1976, 358 p.
CENTRE D’ÉTUDES LINGUISTIQUES ET HISTORIQUES PAR TRADITION ORALE, La charte de Kurukan Fuga : aux sources d’une pensée politique en Afrique, Paris, Éd. L’Harmattan, Conarky, Société africaine d’édition et de communication, 2008, 162 p.
CHEVALIER, Jean, GHEERBRANT, Alain, Dictionnaire des symboles, Paris, Éd. Robert Laffont – Jupiter, coll. « Bouquins », 1982, 1062 p.
DERIVE, Jean, dir., L’épopée. Unité et diversité d’un genre, Paris, Éd. Karthala, 2002, 264 p.
KONÉ, Amadou, Des textes oraux au roman moderne : étude sur les avatars de la tradition orale dans le roman ouest-africain, Frankfurt / Main, Verlag für interkulturelle Kommunikation, 1993, 220 p.
NIANE, Djibril Tamsir, Recherches sur l’Empire du Mali au Moyen Âge, Mémoires de l’Institut National de Recherches et de Documentation, no. 2, Conakry, Institut National de Recherches et de Documentation, 1962 (nombre de page indéterminé).
—-, Recherches sur l’Empire du Mali au Moyen Âge, Paris, Éd. Présence africaine, 1971, 101 pages.
—-, Le Soudan occidental au temps des grands empires. XIe – XVIe siècle, Paris, Présence africaine, 1975, 271 p.
—-, Histoire des Mandingues de l’Ouest, Paris, Éd. Karthala – Arsan, coll. « Hommes et société », 1989, 224 p.
SANGARÉ, Souleymane, La bataille de Krina ou le triomphe de Soundjata, Abidjan, Harmattan Côte-d’Ivoire, 2018, 136 p.
SELLIER, Philippe, Le mythe du héros (ou le désir d’être dieu [sous-titre]), Paris-Montréal, Bordas, 1970, coll. « Thématique », 207 p.
Articles
CAGNOLARI, Vladimir, « L’épopée de Soundjata, trésor musical de l’Empire du Mali », The pan african music magazine, https://pan-african-music.com/lepopee-soundiata-tresor-musical-de-lempire-du-mali/ (page consultée le 10 juin 2021).
DIOP, Sidy, « Alexandre le Grand et Soundjata Keïta : les sources grecques d’une épopée mandingue, La mémoire à l’œuvre, Presses universitaires de Franche-Comté, « Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, 2014, p. 199-213. Lire en ligne : https://books.openedition.org/pufc/7947?lang=fr (page consultée le 10 juin 2021).
—-, « L’aède et le griot », Troïka. Parcours antiques. Mélanges offerts à Michel Woronoff. Volume 2. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, Presse universitaire de Franche-Comté, 2012, p. 137-148. Lire en ligne : https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2012_ant_1225_1_3641?q=Soundjata (page consultée le 9 avril 2021).
KANE, Dame, « Soundjata ou l’épopée mandingue à la lumière de La structure du mythe du héros ou le désir d’être Dieu de Philippe Sellier », Francisola. Revue indonésienne de langue et de littérature françaises, vol. 3, no 1, 2018, p. 88-94
LEGUY, Cécile, « Dialiba Konaté, ou celui qui donne à voir la parole des griots », Cahiers de littérature orale, no 67-68, 2010, p. 203-222. Lire en ligne : https://journals.openedition.org/clo/488#bibliography (page consultée le 10 juin 2021).
NIANE, D. T., « Le problème de Soundjata », Notes africaines, Dakar, no 88 octobre, 1960, p. 123-126.
PERSON, Yves, « Tradition orale et chronologie », Cahiers d’études africaines, vol. 2, no 7, 1962, p. 462-476. Lire en ligne : https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1962_num_2_7_2987 (page consultée le 10 juin 2021) .
SEYDOU, Camara, « La tradition orale en question », Cahiers d’études africaines, vol. 36, n°144, 1996, p. 763-790. Lire en ligne : https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1996_num_36_144_1867 (page consultée le 10 juin 2021).
TCHEUVAN, Alexie, « Le littéraire et le guerrier. Typologie de l’écriture sanguine en Afrique », Études littéraires, vol. 35, no 1, hiver 2003, p. 13-28. Lire en ligne : https://erudit-shawinigan.proxy.collecto.ca/fr/revues/etudlitt/2003-v35-n1-etudlitt752/008630ar/ (page consultée le 21 juin 2021).
ZEMP, Hugo. « Musiciens autochtones et griots malinké chez les Dan de Côte d’Ivoire », Cahier d’études africaines, vol. 4, no 15, 1964, p. 370-382. Lire en ligne : https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1964_num_4_15_3014 (page consultée le 10 juin 2021).
Sites Internet
DAUFRESNE-MIGNOT, Alix, MIGNOT, Daniel, Soumbala. Portail francophone du livre africain, https://www.soumbala.com/ Page consultée le 15 avril 2021. [Ensemble de plus de 30.000 références qu’il est possible de consulter, d’acheter ou de télécharger en ligne]
« Héros, d’Achille à Zidane », Exposition virtuelle de la Bibliothèque nationale de France, http://classes.bnf.fr/heros/expo/salle1/index.htm (page consultée le 25 avril 2021. Le plug-in Adobe Flash Player n’est plus compatible pour la page d’accueil).
MEROLLA, Daniela (Dir.), Verba Africana, http://verbafricana.org/, avec le support technique de l’Institut nationale des langues et des civilisations orientales (INALCO), Universités de Paris et de Leyde. Page consultée le 15 avril 2021. [Ce site donne accès à une quantité d’informations textuelles mais aussi audio-visuelles inappréciables sur les langues et la littérature orale africaines, notamment autour du travail réalisé par Jan Jansen auprès de Lansiné Diabaté et des griots de Kéla.]
Notes
[1] À ce sujet le témoignage du cinéaste et ethnologue Jean Rouch à propos du griot Wâ Kamissoko est à retenir : « Quand j’ai, pour la première fois, rencontré Wâ avec Germaine Dieterlen, qui m’avait beaucoup parlé de lui, il m’est apparu comme un homme extraordinaire : il était le premier traditionniste – que je rencontrais – qui, avec un aplomb considérable, déclarait : « Ceci s’est passé il y a 1 256 ans, 4 mois et 3 jours »… Au début, j’ai pensé que c’était là « fioriture de griot » ; mais, très rapidement, je me suis aperçu qu’il avait réellement cette connaissance précise, et ceci grâce à un entraînement particulier de la mémoire, et une initiation aux différents systèmes de comput du temps qu’utilisent les griots de Krina. » » La précédente citation est extraite de la préface de Jean Rouch aux ouvrages de l’ethnologue et historien malien Youssouf Tata Cissé, écrits en étroite collaboration avec son ami griot Wa Kamissoko du village de Krina (ou Kirina). Leur ouvrage en deux volumes, La grande geste du Mali des origines à la fondation de l’Empire et Soundjata la gloire du Mali, paru en 1988 puis réédité en 2007, en plus de fournir une version plus détaillée de l’épopée de Soundjata, constitue une source primordiale pour quiconque désire approfondir ses connaissances sur l’art et la tradition des griots de la boucle du Niger.
[2] Il a été montré comment le griot africain comporte plusieurs traits communs avec l’aède grec, notamment en ce qu’ils sont des professionnels de l’épopée à qui ce titre confère une certaine dignité sociale; de même, comme on le verra, le héros de l’épopée africain rejoint en plusieurs points le héros homérique. Le griot et l’aède se distinguent toutefois par d’autres aspects, dont le système de caste associé à la fonction de griot (voir à ce sujet l’étude de Sidy Diop : « L’aède et le griot » « L’aède et le griot » (dans Troïka. Parcours antiques. Mélanges offerts à Michel Woronoff. Volume 2. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, Presse universitaire de Franche-Comté, 2012, p. 137-148).
[3] Djibril Tamsir NIANE, Soundjata ou l’épopée mandingue, Paris, Présence africaine, 1960, 160 p. Le texte de cette version se trouve en ligne à l’adresse suivante : http://aefe-madagascar.histegeo.org/IMG/pdf/texte_integral_soundjata.pdf (page consultée le 11 avril 2021).
[4] Voir notamment cette entrevue accordée par D. T. Niane à TV5Monde en 2019 : https://information.tv5monde.com/video/djibril-tamsir-niane-de-l-importance-des-sources-orales-dans-l-ecriture-de-l-histoire (page consultée le 25 mars 2021).
[5] Née en 1949 suite à la revue Présence africaine fondée en 1947 à Paris par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop, la maison d’édition du même nom a été un acteur prépondérant du renouveau de la littérature francophone africaine en Europe. Elle a notamment contribué à faire connaître des écrivains noirs comme Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Richard Wright.
[6] Voir l’article de Wikipédia qui lui est consacré : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mamadou_Kouyat%C3%A9_(griot) (page consultée le 25 mars 2021).
[7] NIANE, D. T, op. cit., p. 79
[8] SELLIER, Philippe, Le mythe du héros (ou le désir d’être dieu [sous-titre]), Paris-Montréal, Bordas, 1970, coll. « Thématique », 207 p.
[9] Qui voudrait se pencher plus avant sur l’histoire de ce texte devrait également faire état des conditions et des modalités du passage de l’oralité à l’écriture initié notamment par le travail de collecte réalisé par D. T. Niane, dont l’exemple fut suivi par d’autres écrivains qui ont donné des versions écrites de l’épopée de Soundjata recueillies auprès de griots. Il faut principalement mentionner le travail colossal accompli par Youssouf Tata Cissé et son ami le griot Wâ Kamissoko de Krina, qui ont consacré leur vie à préserver et à faire connaître la tradition orale des griots au monde entier. Si Youssouf Tata Cissé et Wâ Kamissoko reconnaissent le mérite de D. T. Niane d’avoir suscité un grand intérêt pour la tradition malinké, ils attribuent néanmoins à son œuvre le défaut d’être « très lyrique et romancée » (CISSÉ, Youssouf Tata, KAMISSOKO, Wa, La grande geste du Mali des origines à la fondation de l’empire, Paris, Éd. Karthala, 2000, p. 393).
[10] NIANE, D. T, op. cit., p. 11
[11] DUFOUR, Françoise, « De l’oralité à l’écriture. Textualité et marchés linguistiques : le cas de l’épopée mandingue », dans Écrire en situation bilingue, Actes du colloque des 20, 21, 22 mars 2003, vol. I, Université de Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, CRILAUP, « Études », 2004, p. 393-406. Lire en ligne : https://books.openedition.org/pupvd/34194?lang=fr#ftn12 (page consultée le 25 mars 2021).
[12] NIANE, D. T, op. cit., p. 9
[13] Ibid., p. 79
[14] Ibid., p. 108
[15] BERTHO, Elara, « Retour sur un classique : Soundjata selon Djibril Tamsir », Diacritik, 6 février 2018. Lire en ligne : https://diacritik.com/2018/02/06/retour-sur-un-classique-soundjata-selon-djibril-tamsir-niane/ (page consultée le 25 mars 2021).
[16] Il s’agit de Bilal ibn Rabâh (580-640), dit Al-Habashi (l’Abyssin), considéré dans la tradition islamique comme le premier muezzin (chargé de faire l’appel à la prière), connu pour sa belle voix. Toutes les versions du mythe semblent sur ce lien entre Soundjtata et la tradition islamique. Toutefois, le griot Wa Kamissoko affirme que les habitants « n’embrassèr[ent] jamais vraiment l’islam » si ce n’est qu’assez récemment (CISSÉ, Youssouf Tata, KAMISSOKO, Wa, La grande geste du Mali des origines à la fondation de l’empire, p. 279). Wa Kamissoko laisse entendre que le Manden aurait plutôt été sous l’influence de la société initiatique du Komo, institution socio-religieuse commune aux Bambaras et aux Malinkés.
[17] NIANE, D. T, op. cit., p. 12
[18] Parfois orthographié « simbo », le terme sert également à nommer le sifflet de chasseur inventé selon la légende par Mamadi Kani, ancêtre de Soundjata.
[19] NIANE, D. T, op. cit., p. 17
[20] Ibid., p. 20
[21] Ibid., p. 36
[22] Ibid., p. 79
[23] Nous remarquons notamment que ce schéma semble s’appliquer aussi dans le parcours d’un autre héros africain, Chaka, fondateur légendaire du royaume Zoulou, dont la vie a été racontée notamment l’écrivain lesothien Thomas Mousolo dans le roman aux accents épiques intitulé Chaka paru en 1925, et par D. T. Niane, dans sa pièce de théâtre du même titre en publiée en 1971.
[24] NIANE, D. T, op. cit., p. 36
[25] Ibid., p. 19
[26] Ibid. p. 32
[27] Ibid., p. 43
[28] Ibid., p. 47
[29] Ibid., p. 50
[30] Au sujet du compagnonnage héroïque de Soundjata, il nous faudra encore consulter le texte de Gabriel Soro : « Le héros épique et son entourage dans La Chanson de Roland et dans Soundjata ou l’épopée mandingue » paru dans L’épopée. Unité et diversité d’un genre, ouvrage collectif dirigé par Jean Derive (Paris, éd. Karthala, 2002, p. 147-168).
[31] Ibid., p. 58
[32] Ibid., p. 59
[33] Sorte de jeu de dames où les pions sont de petits cailloux disposés dans des trous creusés dans un tronc d’arbre.
[34] NIANE, D. T, op. cit., p. 59
[35] Ibid., p. 61
[36] Djoulou Kara Naïni est la déformation mandingue de Djoul Kara Naïni. C’est le nom donné à Alexandre le Grand par les musulmans. Dans toutes les traditions du Manding on aime souvent comparer Soundjata à Alexandre, « celui dont le soleil a brillé sur toute une moitié du monde » (Soundjata, p. 49). On dit qu’Alexandre le Grand fut l’avant-dernier conquérant du monde et Soundjata le septième et dernier conquérant. Les liens entre Alexandre le Grand et Soundjata ont été mis en lumière pae Sidy Diop dans son texte « Alexandre le Grand et Soundjata Keïta : les sources grecques d’une épopée mandingue » (paru dans La mémoire à l’œuvre, Presses universitaires de Franche-Comté, « Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté, 2014, p. 199-213).
[37] Op. cit., NIANE, D. T, Soundjata ou l’épopée mandingue, p. 67
[38] Ibid., p. 70
[39] Ibid., p. 71
[40] Ibid., p. 90
[41] Voir l’enregistrement sur disque par Kéita Fodeba, Disque « Vogue », L. D. M., 30 082 – Soundjata.
[42] NIANE, D. T, op. cit., p. 101
[43] Ibid., p. 78
[44] CHEVALIER, Jean, GHEERBRANT, Alain, Dictionnaire des symboles, Paris, Éd. Robert Laffont – Jupiter, coll. « Bouquins », 1982, p. 895
[45] Ibid., p. 575
[46] Ibid., p. 62
[47] Ibid., p. 68
[48] Ibid., p. 133
[49] Ibid., p. p. 1276
[50] Ibid., p. p. 819
[51] NIANE, D. T, op. cit., p. 50
[52] Ibid., p. 79
[53] La version de Wa Kamissoko transcrite par Youssouf Tata Cissé (op. cit.) donne présente une version plus nuancée du personnage de Soumaoro (orthographié Soumaworo) dans laquelle le roi de Sosso luttait d’abord contre l’esclavage, mais ayant été conspué par la population du Manding, et n’ayant pas été reconnu comme souverain en raison de son appartenance à la caste des forgerons, il est devenu ce roi-sorcier tyrannique s’opposant à Soundjata.
[54] Captif de Soumaoro, Balla Fasséké parviendra à garder la vie sauve en improvisant un chant en l’honneur de Soumaoro et en s’accompagnant du balafon magique de Soumaoro, qui fait de Balla Fasséké son griot. Le présent texte s’allongerait sans doute abusivement s’il fallait relater plus en détail cet épisode, qui est une constante du mythe et qui est raconté dans la version de D. T. Niane aux pages 75 à 77.
[55] Ibid., p. 79
[56] Ibid., p. 81
[57] Ibid., p. 81
[58] Ibid., p. 93
[59] Ibid., p. 111-112
[60] Ibid., p. 115
[61] À rapprocher peut-être du symbolisme du corbeau, oiseau noir, symbole d’intelligence, figure de mauvais augure, qui joue souvent un rôle prophétique (Dictionnaire des symboles, p. 285).
[62] D’autres versions racontent que la grotte se serait refermée sur Soumaoro, qui y serait mort, ou encore que Soumaoro se serait transformé en pierre.
[63] NIANE, D. T, op. cit., p. 135
[64] Ibid., p. 136
[65] Cette charte est encore connue aujourd’hui à travers différentes transcriptions de son contenu oral. Visant entre autres à interdire l’esclavage, la Charte du Manden est reconnue comme l’une des plus anciennes références concernant les droits fondamentaux.
[66] NIANE, D. T, op. cit., p. 141
[67] Ibid., p. 123
[68] Ibid., p. 123
[69] Ibid., p. 126
[70] Ibid., p. 126
[71] Ibid., p. 129
[72] Ibid., p. 130
[73] Ibid., p. 152
[74]Nicole GOISBEAULT, « Soundjata », dans BRUNEL, Pierre, (sous la dir. De), Dictionnaire des mythes littéraires, Éd. du Rocher, 1988, p. 1277
[75] Avant de devenir président de la République de Côte d’Ivoire de 2000 à 2011, Laurent Gbagbo récupère en 1979 la figure de Soundjata dans un drame intitulé Soundjata, Le lion du Manding, où la dimension politique occupe plus de place que le merveilleux traditionnel.
[76] Ainsi en est-il par exemple des versions de l’écrivain malien Massa Maghan Diabaté, obtenue auprès de son oncle griot Kélé Monson Diabaté, et publiées sous divers titres, dont Kala Jata (1970), avec une transcription des chants traditionnels, et de celle de l’écrivain guinéen Camara Laye, Le maître de la parole. Kouma Lafôlô Kouma (1978), recueillie à Kouroussa auprès du griot Babou Condé mais romancée « avec une grande naïveté » selon Youssouf Tata Cissé (CISSÉ, Y. T., KAMISSOKO, Wa, La Grande Geste du Mali. Des origines à la fondation de l’Empire, p. 393). L’africaniste américain John Williams Johnson a pour sa part recueilli et traduit deux versions de l’épopée de Soundjata, l’une auprès du griot Magan Sisoko, intitulée The Epic of Sun-Jata according to Magan Sisoko et parue en 1979, et l’autre, recueillie à Kita en 1968 auprès du père de Magan Sisoko, Fa-Digi Sisoko, et publiée en 1986 sous le titre The Epic of Son-Jara : A West African Tradition. L’ouvrage Épopée, histoire, société. Le cas de Soundjata de Jan Jansen est un autre livre très fouillé sur le sujet, qui se termine sur une version de l’épopée de Soundjata obtenue auprès des griots de Kéla avec le concours du balafoniste et guitariste guinéen Lansiné Diabaté. Au besoin, on pourra consulter la page suivante dûe à Stephen Bulman pour un inventaire plus complet : http://verbafricana.org/malinke-fr/griots/Bulman.pdf (page consultée le 9 avril 2021).
[77] Outre des livres pour la jeunesse, le héros Soundjata a également inspiré des pièces de théâtre. Dans Le grand destin de Soundjata, Sory Konake met en scène l’épopée à travers la parole du griot Djéli Madi. L’épopée de Soundjata a été montée en 1988 et en 1991 par le metteur en scène d’origine suisse Patrick Mohr. Des romanciers ont aussi puisé à cette source, notamment Raphaël Chauvancy avec Soundiata Keïta. Le lion du Manden (Paris, L’Harmattan, 2015, 202 p.) et Isabelle Malowé dans Les rumeurs de la terre (Marseilles, Éd. Rod, 2016, 310 p.). Pour aller plus loin sur ce sujet, voir le livre d’Amadou Koné, en bibliographie, et lire le texte de Ouaga-Balla Danaï : « L’épopée de Soundjata et ses prolongements littéraires » dans L’épopée. Unité et diversité d’un genre (Paris, éd. Karthala, 2002, p. 217-228).
[78] L’histoire de Soundjata a également été mise en musique par plusieurs autres artistes tels le guitariste et chanteur malien Boubacar Traoré, Kélétiguy Diabaté, joueur de balafon de grande renommée, Toumani Diabaté, considéré comme l’un des plus grands joueurs de kora, Kandia Kouyaté, célèbre griotte et joueuse de kora malienne, ainsi que Pepe Kalle, chanteur congolais. En 2004, sept griots et plusieurs musiciens ont été réunis pour chanter l’épopée de Soundjata sur l’album Mandekalou. The art and soul of the Mande griots, qui sera suivi de Mandekalou II en 2006. À noter : les références précédentes sont énumérées sans ordre systématique.
[79] À propos de cet artiste, voir le catalogue intitulé Soundiata Keïta : dessins de Konaté Dialiba, paroles de griots, publié par Étienne Féau en 2000 pour accompagner l’exposition de ses oeuvres tenue en 2001-2002 au Musée des arts d’Afrique et d’Océanie à Paris. Consulter également à son sujet l’article de Cécile Leguy en bibliographie.
Suivez-nousPartager

