by 
Suivez-nousPartager
by PartagerLa pièce de théâtre Les muses orphelines de Michel Marc Bouchard présentée au Centre des arts de Shawinigan le 19 avril dernier est aussi une adaptation cinématographique sortie en dans les années 2000. Depuis sa création, cette pièce de Michel Marc Bouchard a fait le tour du monde dans une douzaine de langues.
En 1965, à Saint-Ludger-de-Milot au Lac-Saint-Jean, trois sœurs et leur frère se retrouvent après une longue interruption de contact. Les enfants ont été abandonnés par leur mère plusieurs années plus tôt à la suite d’une rencontre avec un espagnol. La famille est composée de la plus jeune fille déficiente intellectuelle nommée Isabelle Tanguay, de Catherine, la plus vieille, de Luc, l’unique garçon de la famille et de Martine, une militaire. Isabelle apprend que son frère et ses deux sœurs lui ont menti quant à la mort de sa mère pour la protéger. Elle apprend par elle-même que sa mère est toujours vivante. Elle décide donc de se venger.
D’abord, la pièce est bien représentative du Québec des années 60. Tous les enfants sont différents, mais leur blessure reste sans aucun doute similaire, c’est-à-dire qu’ils portent le poids de l’abandon de leur mère. Le jeu de Léane Labrèche-Dor qui joue le rôle d’une jeune fille folle est tout simplement fabuleux. Elle est, en fait, la détentrice du secret de famille. Son texte est d’une importance capitale tout au long de la pièce et elle sait comment le transmettre aux spectateurs.
Il s’agit d’une pièce délicate traitant d’un sujet particulièrement touchant. C’est une pièce émouvante où l’on retrouve, à travers les conflits, de l’amour et de la compassion entre les personnages. La mère ayant abandonné ses quatre enfants, tous se sont réfugiés à leur manière en essayant de combler ce vide. Cette pièce parle sans qu’elle ait besoin d’artifice. En effet, un simple décor d’une maison aux murs fait de lattes de bois verticales à l’image de la famille suffit pour nous faire comprendre la souffrance et la peine ressenties par ces personnages. Tout est là pour permettre à cette pièce d’être un véritable succès par exemple, les dialogues touchants et l’interprétation des comédiens. D’un côté, il y a la jeune Léane Labrèche-Dor qui est plus qu’attachante avec son débit de voix et dans ses gestes hésitants en enfant qui voudrait se libérer de sa situation. Il y aussi Nathalie Mallette qui joue le rôle d’une militaire lesbienne aux allures masculines qui s’est exilée en Allemagne en adoptant l’image de son père. D’un autre côté, il y a Maxime Denommée qui est en carence d’affection maternelle et qui porte les robes de sa mère en espérant la faire revivre et Catherine, la sœur aînée qui reproduit la possessivité de la mère en l’exerçant sur Isabelle. Cette pièce évoque une belle morale. Il ne faut jamais sous-estimer personne. La vengeance d’Isabelle crée des obstacles chez les Tanguay, car les vérités éclatent. Chacun tente de vivre les souvenirs et combler ce manque. Les muses orphelines est une pièce qui aborde les thèmes de la survie à l’abandon, des rapports fraternels et le désir de liberté. Il s’agit d’une excellente production grâce à la grande qualité du texte. Le texte est capable de nous interpeller, de nous faire rire comme de nous faire pleurer.
Autour d’une table, les enfants se confient, se vident le cœur et crient leur mal de vivre ainsi que leur besoin d’amour. Comme dans toutes les familles, on y retrouve un mélange d’amour et de haine entre frères et sœurs. Seule la cadette, Isabelle, a du mal à s’épanouir derrière les jupes de Catherine. C’est elle qui usera d’une grande ruse pour rassembler la famille et pour leur réserver quelques surprises. C’est l’effet d’ensemble qui fait que l’on se retrouve devant une production convaincante. La musique est aussi très bien choisie pour appuyer les ambiances. Bref, les muses orphelines est une pièce très touchante et très forte en émotions.
Suivez-nous
by Suivez-nousPartager
by Partager