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Lettre à l’Austérité
Chère Austérité,
En 18 ans de vie, je peux honnêtement affirmer n’avoir jamais été attirée par la politique. J’ai toujours fait mon chemin sans m’en préoccuper, naïvement persuadée que ce qui ne me touchait pas directement ne pouvait faire de mal.
Il est vrai que je suis une jeune adulte apprenant encore le fonctionnement du monde et que j’ai tendance à ignorer les paroles creuses de politiciens grisonnants. Malheureusement, en tant qu’étudiante, je ne peux plus le faire plus longtemps.
C’est à ce moment où j’ai fait votre connaissance, Austérité, sous l’affectueux surnom «rigueur budgétaire», et j’aimerais dire que c’était avec plaisir.
Votre présence envahissante, chère amie, surplombe, telle une épée de Damoclès, la tête des institutions essentielles au bon fonctionnement de notre société. Nombreux sont les enseignants et les docteurs qui vous observent d’un œil inquiets.
Je peux comprendre votre faim, Austérité, mais manger avec autant d’appétit le budget des écoles qui forment les mains qui vous nourriront ne fera que vous mener à la famine. Vous méritez mieux que quelques miettes.
Rebellez-vous face à un tel traitement, Grande Impératrice! Qu’attendez-vous? Dites à ces messieurs masqués qui vous ont séduite par de belles paroles qu’ils ne pourront plus vous brandir ainsi. Ces kidnappeurs aux faux airs, ces hommes aux mille visages… Tous des menteurs! Ils ne vous relâcheront pas après avoir reçu la rançon.
Regardez tout ce qu’ils font en votre nom! Ils détruisent lentement mais sûrement l’avenir du Québec, votre royaume. Tous ces jeunes esprits abandonnés à leur sort, tous ces parents qui se battent pour conjurer cette malédiction en vain…
Les écoliers comme les étudiants souffrent de ces mesures drastiques. Ils paient un prix élevé : leur éducation et leur avenir. La cause est l’incompétence des dirigeants dans la gestion de l’argent collectif. Ils coupent les coins ronds et s’en mettent plein les poches. Ils diminuent le salaire des gens qui se dédient tout entier à leur travail pour augmenter ensuite le leur.
Avec tout mon respect, Austérité, ne soyez pas naïve. Les politiciens vous font la cour que pour se servir de votre pouvoir. Ils habillent la réalité. Ils lui font porter de grandes robes pailletées d’innocence et de bonne volonté. Ils disent que c’est pour le bien des enfants qui vivront dans un Québec moins endetté. Ils disent que cela ne touchera aucunement les services mis à leur disposition. Ils disent, ils disent, ils disent…
La réalité est tout autre. Les écoles manquent d’argent pour le personnel, l’entretien des locaux et le matériel. Les élèves en difficulté d’apprentissage sont particulièrement atteints par ces baisses radicales de budget puisque le délai avant d’être reconnus par des spécialistes prend déjà des siècles. Qu’en sera-t-il dans quelques années? La solution du gouvernement : allez au privé! Ils rient ensuite derrière leurs mains à l’abri des regards indiscret. En effet, c’est justement ces institutions privées qui privilégient une classe sociale élitiste et capitaliste. Celle-là même qui, par la force des choses, devient les dirigeants de notre société. Des leaders peu concernés par les moins nantis.
Austérité, Votre Majesté, êtes-vous simplement une vulgaire «rigueur budgétaire»? Je ne pense pas. Affirmez-vous ! Faites-vous appeler par votre propre nom : «AUSTÉRITÉ» en grosses lettres rouges. Ne vous cachez plus. Quand tout cela sera fait, ouvrez les yeux sur le mal que vous donnez aux gens et réagissez. Redressez les torts qui ont été fait ou partez.
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