L’inconnu

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L’inconnu

J’avais peur. Même ce mot était faible afin de décrire le sentiment de panique que je ressentais.

Je ne comprends pas ce qui se passe. Il fait froid et il n’y a pas de lumière. Moi, j’ai toujours dormi avec une petite veilleuse dans ma chambre. J’ai peur du noir. C’est comme si toutes mes peurs étaient regroupées ensemble. Je suis terrifié. Mon corps en entier en tremble. Je suis tout en sueur, j’ai chaud. Mon cœur bat tellement vite, j’ai l’impression qu’il va exploser. Je suis seul, je n’ai plus de repère. Pour le moment, je me contente de rester dans un coin de la pièce et de sangloter en silence. J’ai peur qu’il m’entende si je sanglote trop fort alors je les étouffe. Je ne peux pas trop bouger, je suis attaché par une chaine qui rassemble mon pied gauche et un poteau au milieu de la pièce. J’imagine que nous sommes la nuit puisque j’ai remarqué une petite fenêtre protégée de barreaux de prison et il fait toujours noir. Je me demande bien quand est-ce que je pourrai sortir. Je devais aller jouer dehors ce soir avec mes amis. J’espère qu’ils ne m’attendront pas trop longtemps. Cela fait déjà un bon moment que je suis ici. Je commence à voir le soleil pénétrer la petite fenêtre. Je n’ai pas été capable de dormir, il fait trop noir. Je commence à avoir faim, je crois que c’est l’heure de déjeuner. Je ne saute jamais le déjeuner, maman me dit toujours que c’est le repas le plus important alors pas question de partir pour l’école sans manger.  Je n’espère ne pas manquer ma journée d’école demain puisque c’est vendredi et qu’il y a toujours des activités spéciales.

Cela fait déjà une semaine que je suis coincé ici. Je le sais parce que depuis que je suis arrivé je m’amuse à faire une trace au mur pour tous les jours que je passe dans cette pièce. Je n’ai toujours pas de lumière, je dors lorsqu’il fait jour, mais seulement quelques heures. J’ai terriblement faim. Je n’ai mangé qu’une seule fois depuis. Lors de ma troisième journée on m’a lancé une tranche de pain suivie d’une pomme. Il n’y a pas de toilette dans cette pièce. Je l’ai cherché attentivement du regard pendant que la noirceur était couchée. Il m’est arrivé de le faire dans mon pantalon et hier alors que j’étais assoupis on m’a installé un petit sot. J’ai tellement hâte de sortir d’ici. Ma famille et mes amis me manque terriblement. Je suis tout seul et je m’ennuie. Je passe mes journées à essayer de dormir. La nuit je reste là à regarder par la fenêtre et à m’inventer toutes sortes de scénarios.

Ça fait maintenant trois semaines que je suis enfermé. Il y a maintenant 21 petite barres sur le mur. Je mange toujours une seule fois par semaine et toujours la même chose. Je ne me suis pas encore lavé et une odeur nauséabonde remplit la pièce. Je veux sortir plus que jamais. Hier, alors que je dormais, il m’a enlevé cette chaîne. Ça fait tellement du bien. Je dois trouver une manière de m’enfuir parce que ce n’est pas lui qui le fera pour moi. Je me souviens avoir volé les barrettes de ma sœur et de les avoir cachées dans mes poches. J’ai déjà vu dans un film que l’on peut débarrer une porte comme ça. Je devrais essayer, de toute façon je n’ai rien à perdre. Sans plus tarder je prends une des barrettes et je la tourne dans tous les sens en espérant que ça fonctionne. J’essaie de ne pas faire trop de bruit pour ne pas qu’il m’entende.

Il y a déjà une semaine que j’essaie de crocheter cette porte du diable avec cette vulgaire barrette. Maman avait raison, on ne doit pas tout croire ce qui se passe dans les films. Je dois trouver une autre façon de m’échapper.

J’ai passé mes journées à réfléchir pour trouver quelque chose. Un trou, une planche du sol qui manque des vis et qui me laisserait passer, une porte cachée, mais il n’y a rien. Ça fait cinq semaines que j’y pense.   J’ai pensé à gratter le mur qui est en plâtre jusqu’à ce que le trou soit assez grand pour que j’y passe. Alors, je commence à gratter. Je vois le plâtre tomber en poudre par terre. Je crois que ça va être long. Tant pis, je veux vraiment partir ! Je dois m’assurer de cacher la poussière et le trou. Il y a quelques meubles éparpillés dans la pièce alors j’en prends un et le place devant le trou. J’espère qu’il ne me le reprochera pas.

J’ai continué à gratter le mur pendant quelques semaines. Mes mains sont toutes écorchées. J’ai même arraché des petits bouts d’ongles. Je commence à être terriblement faible. Je n’ai plus du tout d’énergie. Je suis rendu dangereusement maigre. Je suis toujours en train de trembler et d’ être étourdi. Il y a deux jours j’ai même perdu connaissance et je me suis réveillé quelques heures plus tard. Depuis quelques temps j’ai remarqué qu’une femme venait rendre visite. Je l’entends venir environ deux fois par semaine. Je peux les entendre discuter d’en bas. Sa voix me fait penser à celle de ma mère, elle est rassurante. J’aimerais tant lui crier de venir me sortir de là, mais je sais que j’en paierais le prix. Elle vient justement d’entrer dans la maison. Elle a apporté son petit chien Doggy. Elle lui dit qu’elle sort quelques instants pour le sortir dehors lui faire faire ses besoins. C’est ma chance de communiquer avec elle. Je dois trouver comment. Il faut que je trouve un objet pour faire assez de bruit, mais pas assez pour qu’il m’entende. J’empoigne un caillou qui traîne par terre et dès que je ne vois que ses pieds je le lançe très fort dans la fenêtre. Je crois qu’elle ne l’a pas entendu, je dois recommencer. Je l’ai fait peut-être six fois avant qu’elle le remarque. Au cinquième coup, elle commençe à chercher la provenance du bruit. Puis, au sixième, elle se tourne carrément vers la petite fenêtre. Lorsqu’elle y met son visage elle me parait familière. En quelques fractions de seconde, je la reconnais ! C’est ma mère ! Elle est venue me chercher ! Je le savais qu’elle ne me laisserait jamais tomber. Je vois dans son visage un air paniqué. Elle s’en retourne sans plus tarder à l’intérieur. Je l’entends lui dire qu’elle croit avoir remarqué une fissure sur le mur de dehors et qu’il doit y avoir de l’eau qui a pénétré dans la cave. Elle lui demande aussi si elle peut aller vérifier l’ampleur des dégâts. Il lui répond alors qu’il avait déjà remarqué et qu’il n’y avait nulle trace d’eau. Ma mère continue d’insister ce qui ne lui plait pas du tout. Il commençe à s’énerver contre elle. J’ai peur qu’il lui fasse mal. Sachant que tous ses outils sont dans la pièce à côté de moi, elle lui demande s’il a un tournevis à lui prêter parce qu’elle avait quelque chose à réparer chez elle. Il lui répond tout de suite qu’il avait vendu tous ses outils. Ma mère déçue que cette tentative ne fonctionne pas non plus continue d’insister, ce qui enrage mon ravisseur. Cette fois elle en a assez de tourner autour du pot et elle lui crache la vérité en pleine figure. Elle lui dit qu’elle sait que je suis là. Il se met en colère. Impulsivement il la lance dans la cave avec moi. Je heureux de revoir ma mère, elle m’a tellement manqué. Mais il n’y a pas de chance qu’elle me sorte de là.

Je crois que j’avais sous-estimé ma mère… elle sors de sa botte son téléphone portable. Je suis tellement fier ! En un instant elle appelle les autorités. Ils arrivent en une dizaine de minutes. Ils embarquent mon kidnappeur et viennent nous rejoindre. Ils tentent de me rassurer en me disant que c’était fini et que je n’aurais plus jamais à recroiser mon père. Je ne comprends plus rien. En fait, je ne veux pas le croire. Je n’avais jamais connu mon père puisque avant ma naissance il est tombé malade. C’est ce que ma mère m’a toujours dit. Elle m’a souvent raconté qu’il était atteint de Schizophrénie et qu’il devait rester dans une place spéciale avec des gens comme lui. Elle m’a aussi dit qu’il avait encore des amis imaginaires, mais qu’ils sont méchants et qu’ils lui font faire des bêtises. Les policiers rajoutent qu’ils allaient raccompagner mon père et ses amis chez lui dans une nouvelle chambre afin qu’ils ne me fassent plus de mal.

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