Nos derniers sommeils divergents… poèmes de Mélissa Lacroix-Deslauriers

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Le jeu de la mort

Elle est là

M’observe tel un enquêteur sur une scène de crime

Elle me suit partout

Ne me lâche pas d’un centimètre

Comme un chiot qui nous a pour seul repère

Elle me hante, me tourmente

Comme si j’étais le suspect principal d’un meurtre

J’ai peur

Elle se rapproche toujours

De plus en plus

Elle est si proche que j’ai peine à avancer

J’ai la mort au cul

Elle me tire vers elle

M’asperge de noir

Je ne vois plus rien

Il fait sombre et j’ai froid

Mes idées en sont embrouillées

Je commence à la croire

Cette réalité me fait mal

Terriblement mal

J’ai envie de vomir

Mon corps tremble

Je suis étourdi

J’ai envie de crier

De m’arracher les poumons

J’ai une boule de feu dans l’estomac qui bloque tous les autres sentiments

Elle est si jalouse

Elle s’amuse à m’isoler afin d’atteindre son but

Elle me rend vulnérable

Je suis faible

Elle a presque réussi

Je n’ai plus beaucoup de vie

Je l’ai apprivoisée

Son but est aussi le mien

Je sais que je pourrai bientôt mettre fin à mes souffrances

Grâce à elle

La vie ne me fera plus chier

La vie est rendue si lourde

J’ai peine à avancer

Mes jambes n’ont plus de force

J’essaie de ne pas tomber malgré tout

Je reste debout

Et je laisse ces vagues monstres me frapper

Elles me ramassent

Je n’ai plus d’air

Je sens qu’on m’étouffe

Ma tête tourne

Je sais que je vais tomber

 

Je ne me bats plus

La prochaine vague

Je vais la laisser me ramasser comme il faut

Je la vois qui s’en vient

Elle est énorme

Mais je n’ai pas peur

Je suis prête

Et puis…

La mort m’a gagné !

 

Mon dernier souffle

Mon corps me fait mal

Il me fait souffrir

Ça me brûle

J’ai de la braise dans le fond des poumons

Je ne peux plus bouger

À chaque fois j’ai l’impression qu’on m’arrache un membre

J’ai mal comme si on avait passé mon corps au laminoir

Et qu’on l’avait déchiqueté

Ça fait mal

Mais j’essaie de garder le sourire

Mes heures sont comptées

1,2,3…

J’ai une horloge qui tourne dans ma tête

Je peux entendre son tic-tac

Ah non c’est vrai

C’est parce que je suis branché à cette machine

Maudite machine

La machine qui annoncera ma mort à tous

Tout le monde l’attend

Personne n’ose quitter mon chevet

De peur que la mort me surprenne en leur absence

J’essaie de résister malgré tout

Mais au fond je sais bien que c’est de l’énergie perdue

Perdu pour toujours

Cette énergie ne sert plus à rien

De toute façon la machine fait tout à ma place

Même respirer…

Mon dernier souffle je le sens arriver

Ça me fait de plus en plus mal

Mais je suis trop malade pour m’y attarder

Je ne pense plus à demain

Puisque plus jamais il n’y en aura

Du moins, pas avec moi

Je n’ai plus d’avenir

La maladie me l’a enlevé

Elle a tout effacé

Même moi

Dans quelques heures je n’existerai plus

Toute l’énergie que j’ai dépensé à travailler

À étudier

À faire ce qui était le moins important

Je n’ai pas l’impression d’avoir profité de la vie

Si j’avais su que la mort me préparait un << surprise>>

J’aurais peut-être essayé de profiter des vraies choses de la vie

Les moments passés avec ma famille

J’en n’aurai plus

C’est fini

Mon dernier souffle arrive

Comme le trampoline lorsqu’on saute d’un immeuble en feu

C’est triste

Mais ce sera soulageant

Comme un diachylon qu’on arrache d’un coup

C’est épeurant et ça fait mal

Mais quand c’est fini ça fait du bien

J’imagine que c’est ce que je vais ressentir

Il est là je le sens

Je le laisse courir en moi

Dans ma gorge et dans mes poumons

Je n’ai plus peur

Je sais que je peux partir maintenant

Je ferme doucement les paupières

Sert la main de ma fille

Prend une dernière petite très petite inspiration

Puis je sens mon âme s’envoler

Elle monte de plus en plus

Et moi je fais ce qui ne faut pas faire

Je regarde en bas

Ma main est encore accrochée à celle de ma fille

Elle me tient si fort

Comme si elle essayait de me retenir

La machine de la mort m’annonce

Elle pleure toutes les larmes de son corps

Elle est penchée sur moi

Et me sert fort

J’ai envie de rester à la regarder

Pour me rassurer

Pour la rassurer elle

Mais on me tire vers le haut

Je pars

Et je laisse dans le deuil

Ma fille

 

Ma vie ordinaire

J’ai une vie bien ordinaire

Avec une femme extraordinaire

Des enfants tout aussi extraordinaire

Et une maison qui me remplit de fierté

J’ai travaillé si fort pour avoir tout ce que j’ai aujourd’hui

J’ai passé des années à étudier

Les heures de sommeil perdus

Les fins de semaines à lavé la vaisselle d’un restaurant

Les amis qui se sont éloignés par mon manque de temps

Eh bien ! Cette maison c’est ce qu’elle m’a coûté

C’est pourquoi j’en suis si fier

Aux yeux de tous j’ai une vie bien ordinaire

Mais à mes yeux j’ai une vie extraordinaire

Pour l’instant j’ai accompli mes rêves de jeunesse

J’ai toujours dit que je voulais une femme, des enfants, une belle maison, le travail de mes rêves

Et j’ai tout ça

J’ai encore des rêves

J’ai envie de voyager

Voir mes enfants réussir à l’école

Les voir accomplir leurs rêves à eux

Être grand-père

Être auprès de ma femme jusqu’à la fin

Avoir une belle retraite

Je veux accomplir tous mes rêves et j’en suis qu’au début

De toute façon j’ai toute la vie devant moi

J’ai tout ce temps pour réaliser mes rêves les plus fou

Pour l’instant je ne manque de rien

Tous les soirs quand je reviens du travail

Je suis fatigué

Mais heureux de revenir chez moi

Comme un chien lorsqu’il voit son maître arriver

J’ai hâte d’aller embrasser mes enfants assoupis

D’aller rejoindre ma femme déjà couchée

C’est ce qui me rend heureux

Mais ce soir c’était différent

J’étais plus fatigué

Encore plus hâte de revenir à la maison

Je ne pensais qu’à ça

Et puis…

Bang!

Plus rien

Un lourd silence s’installe

Un silence bruyant

J’ai envie de crier mais j’en suis incapable

Je suis capable de rien faire

J’entends crier autour de moi

C’est ma femme que j’entend

Mes enfants aussi sont là

J’étais rendu chez moi

Je me suis endormie avant de m’être étendu

C’est fini

Je le sens

Ça me brûle dans les poumons

J’ai mal

J’étouffe

J’ai l’impression d’avoir été écrabouillé par un camion lourd

J’ai mal comme si tous mes os avaient été broyés

Je le sais qu’il n’y plus rien à faire

Je suis médecin

Je le connais le diagnostique

Je suis mort

Toute ces années à travaillé

N’ont servi à rien

Ma maison ne sert plus à rien

Le plus cher que j’avais c’était ma femme et mes enfants

Je croyais avoir toute la vie devant pour réaliser mes rêves

Mais je n’ai plus de vie

Plus de rêve

Plus rien

C’est fini

Je n’avais pas une vie ordinaire

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