Partager
Vite vite
À cette fête imprévue, je le vois descendre le regard sur mon portrait
Peinture fraîche, tableau carré
Il désire mixer sa couleur rouge avec ma couleur jaune
Offrant au monde un feu d’amour sur terre
Ses mains me dénudent de mon image artificielle
Parade, mascarade et trompettes
Je m’agenouille et j’attache mes lacets au plancher
Gardien d’une stabilité morale
Son regard creuse un sentier dans ma bouche de briques
Je mange les racines du seul pissenlit qui habite cette terre aride
Elles se gonflent, prennent de l’expansion comme un Big Bang
Inondation souterraine, courant d’eau impétueux
J’exulte d’allégresse
Sa foi touche à mes épaules de carton
Fragilité dans mes plaies suspendues au bois
Exsangue dans mon cerveau rempli de beuveries immatures
Chasseur de spectres
Je suis ta cible
Moutons de consommation
Nous sommes un troupeau
Petites têtes, grosses têtes
Petites personnes, grandes personnes
Les pores de nos visages chargés de sébum reflétés par le soleil
Détruis les images préconçues
Pensées carrées et obstruées par l’autoroute mécanisée de la consommation
L’instant d’un crachin de convoitise
Déplacements surveillés d’une houlette
L’ombre omniprésente d’étendards perçant le coin de nos périnées
Marche d’artificiers assoiffés de vinaigre
Dictature couronnée
Nos yeux de mouton blanc devant ce berger aux épaules droites
Je chasse les envies
Les points rouges
La sexualité est comme un jeu de battleship
Adversaire, complice missionnaire
D’une stratégie de séduction
Je capte le stratagème aberrant du singe conditionné
Position en croix, les points rouges font des cercles dans ma tête
Jeu de stupeur, je daigne me résigner aux flatteries poissonneuses
Touchées
Tel un vigneron qui souhaite cultiver ma fleur sucrée
Je le reçois comme un épouvantail déchu au souffle du diable
Position de nudité, je le regarde dans le cristallin de sa chair fumant de sève
Et je scrute
Et je touche
Les points rouges font des cercles dans ma tête
Les mains flâneuses sur la ligne de mon torpilleur
Une tension, une énergie, monte le gratte-ciel de la performance
Dominant et dominée
Je le vois faire le compte de sa prochaine réussite au jeu
Je demande le décorum de la partie entamée par le désir du succès
Apocalypse de chance homogène à l’ingrédient de la passion
Les points rouges font des cercles dans ma tête
Aboutissement programmé au plaisir animal
Je le sens venir
Touché, coulé
Rencontre de première nuit
Cela m’échappe, quelle date sommes-nous
Au-dessus du sol qui se rafraîchit
Au-dessous d’un plafond qui m’écrase
À côté d’une voiture des années 1970
Au loin, je me vois traverser la rue
Le corps brisé, le visage mort d’un gris bleuâtre
Je cours en marchant dans l’intention de faire sa rencontre
Yeux dans les yeux, je désire me poser à ces lèvres tel un monarque en chrysalide
Cela m’échappe, quelle date sommes-nous
Dorénavant, je me penche sur l’idée d’une couverture pour m’abriter
J’ai froid, j’ai soif, je suis trop faible pour ramper au sol
Le froid enneigé suscite en moi l’idée de le revoir
Je veux faire de lui un immortel refrain d’un hymne national
Cela m’échappe, quelle date sommes-nous
Les cristaux du ciel me parlent
Ils me disent de patienter
De fermer les yeux
De laisser la mort me mourir de mon désespoir
Je sens le vert de gris de mon coeur s’entreposer chez lui
Une fois de plus, chez lui
Cela m’échappe, quelle date sommes-nous
Les journées boomerang s’achèvent
Je peux maintenant m’asseoir sur mes fesses
Ainsi pour m’enraciner dans cette verte plaine
Les fleurs, les feuilles se glissent dans ma conscience dépouillée
Je pense à moi
Je pense à lui
Je pense à nous
Et pourtant sous les lumières du plafond
La saison change en nous
Le fruit de notre rencontre s’éternise sous cette horloge pesante
Je m’effraie
Il m’effraie
Nous sommes le 30 février
Nature naturelle
La nature porte le visage de mon arrière-grand-père
Née d’une mère, je scrute les particules de ces empreintes fondatrices
Elles s’infiltrent en moi tel un livre ouvert aux pages de ma déchéance bestiale
Coup de canon, je m’imprègne de sa longévité
Bâtie de la vieille, elle fait vibrer la pluie qui coule le long de mes joues
Je ressens le vide absolu qui s’était longtemps rempli d’absurdité
Comme une veilleuse du soir dans la chambre de mon enfant intérieur
Douceur du dimanche
Inoffensive et omniprésente
Fécondité du neuvième mois
Passe au cou ce charmant papillon qui frissonne les oreilles
Je ressens la délicatesse de son odeur parfumée de bébé-lait
Mes puissants battements de cœurs rythment avec le vent chaleureux
Même dans l’ombre de ses arbres, je ne ressens aucun froid
Je reconnais cette élégance
Jardin d’Éden
Je construis mon temple comme je construis une église
Je me couvre d’une grandeur sonore de cris victorieux
Je soupçonne les lourdes cloches de définir une splendide silhouette à mon corps
Balancement des hanches dans les escaliers de nuage
Mon corps nu est transporté par un souffle adoucissant
Je me vois plonger dans le coeur d’une agnelle
Mon temple rame dans l’océan de cristal
J’invite à ma danse le choeur harmonieux qui me fait rêvasser en couleur
Arc-en-ciel de folies entre la joie et la peine
Je demande à la fondation d’ouvrir mes mirettes enflammées
Voir le paysage comme dans les yeux d’un chasseur de l’aube
Paysage d’un tapis étoilé et d’un plafond d’herbes à la rosée
Je laisse traverser ma lumière dans les vitraux
J’illumine le soleil pour mettre de la couleur pastel dans la nuit
Je m’éloigne pour prendre repos dans le bain de mousse
Bible à la main, je feuillette l’immensité de ma biographie
Mon temple rame dans l’océan de cristal
Tel un pirate en recherche de son trésor
Finalement, je dépose une pierre sous l’orgue pour retirer l’excalibur
Excalibur réservée
Excalibur fidèle
Au bruit des tuyaux, je retire l’épée du roi de la pierre
Touche finale, je me transforme en pierre
Décor honorifique de mes empreintes dans ce jardin d’éden
Suivez-nousPartager