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Le pont défilait sous mes yeux, les montagnes me semblaient plus proches. Les maisons étaient toutes pareil, mais à la fois toutes différentes. J’étais convaincue que ma place était ici. Je serais bien, je n’avais jamais été aussi proche de ma mère depuis l’accident.
Mon appartement était situé près du Collège Montmorency. C’est rare qu’un appartement si près se libère en milieu de session, mais ce fût un beau hasard vu que c’était l’appartement que j’avais pris la peine de visiter avec ma mère deux mois avant l’accident. Tout est déjà meublé, il me reste juste à défaire mes vêtements et faire mon lit.
Après mon installation rapide, je me dirigeais vers l’épicerie le plus près de chez moi. J’allais au comptoir de charcuterie quand mon regard ne pouvait pas se décrocher du garçon situer un peu plus loin. Ce n’était pas lui qui me servait, Il n’était pas mon genre de garçon non plus. Il avait les cheveux beaucoup trop long et brun. Il semblait être vraiment petit, mais quand même plus grand que moi. Cependant, ses yeux me semblaient si beaux et si profonds. Je passais le reste de ma soirée à penser à lui, mais pourquoi il m’obsédait autant. Ce n’est qu’un garçon parmi mille. Ses yeux bleus m’avaient perturbés, ils racontaient une histoire que j’avais envie de connaître. Sophie dort! Tu dois dormir, je sais ça fait peur un nouvel appartement, une nouvelle ville, mais ça va aller.
Un gros bruit lourd se faisait entendre venant du salon, je savais que j’étais seule. Je pensais donc que les murs étaient vieux et je m’endormis sur le bruit. Le lendemain matin, je me réveillais assez tôt et j’allais à mes cours. Tout se passa normalement, mais j’étais restée fixée devant le mur des trophées devant une photo de l’équipe d’hockey. Je me surpris à fixer un garçon de l’équipe semblable à celui de l’épicerie. Cependant, ces yeux ne me semblaient pas aussi profonds et attirants que le jeune garçon d’hier. Je reviens à moi et me rappelais mes anciens exploits de patinages artistiques. Mes cours sont finis, il n’est même pas midi. Je pourrais aller à l’aréna. Elle est ouverte à tous les gens à cette heure. J’allais enfiler mes patins et j’allais m’amuser sur la patinoire. J’entendis un bruit d’une personne qui sortait de la patinoire, mais j’étais seule. Prise de peur, je sortis et j’allais me laver dans les vestiaires. Je me mise à fredonner une chanson jusqu’au moment où j’entendis quelqu’un ouvrir la porte du vestiaire.
-Il y a quelqu’un ? Dis-je effrayer en ouvrant la petite porte qui me cachait.
Une voix d’homme résonna dans les vestiaires
-Je m’excuse je ne savais pas qu’il y aurait quelqu’un à cette heure… Je ne suis pas voyeur, je fais juste nettoyer. Dit-il en riant.
Je finissais de me laver et je sortais pour m’habiller, mais le jeune homme engagea la conversation.
-Vous vous appelez comment? Vous devez être nouvelle? Je ne vous ai jamais vue. Dit-il
-Je m’appelle Sophie Beaucage et je le suis à moitié. Dis-je pendant qu’il restait silencieux à attendre la suite.
-Je suis nouvelle dans ce coin, mais pas à Laval. Je vivais ici avec ma mère… Je suis partie pendant le reste de l’année chez mon père, mais je suis revenu pour les études. Poursuis vais-je
Il resta là un peu perplexe.
-Pourquoi as-tu arrêter sur le mot mère ? Elle est morte ? Comment ? dit-il d’un air triste.
-Ne soit pas triste, tu n’y peux rien… Elle est morte dans un accident de voiture… J’y étais, mais Dieu m’a sauvé. Je trouve ça injuste, tellement injuste. Dis-je d’une voix tremblante
Je poursuivis ma phrase d’un long soupir et je me ressaisis.
-Ne répond rien s.v.p. je vais bien… C’est quoi le tient ?
-Le mien ? demanda-t-il
-Oui ton nom. Répondais-je
-Je m’appelle Jacob Trudel dit-il d’une voix hésitante.
Il leva la tête vers moi et nos yeux se croisèrent pour la première fois à cet instant précis je réalisais que c’était le garçon de l’épicerie. Maintenant que je savais son nom, je voulais encore plus savoir son histoire. Il m’intriguait et m’intéressait à la fois. Je n’arrivais pas à me reconnaitre, je n’avais encore jamais trouvé un garçon beau. Pour dire la vérité, je n’ai jamais été attirée par un garçon et j’en ai jamais fréquenté.
Après ce moment de silence, je le regardais et il finit par m’inviter à prendre un café avec lui sous le prétexte que je ne connaissais personne dans le coin. J’aurais eu tendance à trouver ça clicher, mais venant de lui je trouvais ça simplement mignon.
Nous avons passé cette soirée-là à parler et à apprendre à se connaître. Il avait une sœur plus vieille que lui qui allait au même cégep que moi. Elle était du genre à tout réussir et sa mère lui mettait beaucoup de pression à cause de ça. Il a perdu son père trois ans avant d’entrer au cégep et c’est un peu la cause de l’attitude sa mère envers lui. Il m’a expliqué qu’au début de l’année, il vivait dans un appartement près du cégep et qu’il allait à ce cegep, mais la pression était trop lourde. Il a donc craqué et il a simplement déménagé dans un appartement moins dispendieux un peu plus loin de son lieu de travail. Pour ma part, je me suis entièrement ouverte à lui, ce qui n’est pas mon habitude. Je lui ai parlé de l’accident du 6 juin 2017 en revenant d’une fête de quartier notre auto a pris le champ et ma mère qui était du côté du choc est morte sur place. Tant qu’à moi, j’ai été emmené d’urgence au bloc et je m’en suis sortie avec presque rien. Je lui ai répété à quel point je trouvais toute cette situation injuste. Ma mère, mon modèle, cette femme qui avait sacrifié sa vie pour la mienne avait rendu l’âme avant même de pouvoir voir le résultat de tout son travail.
Quelques jours après cette soirée, Jacob était venu chez moi et comme le hasard est bien fait, il se trouvait que mon appartement était son ancien. Il n’a donc pas eu de mal à trouver la place.
Les jours passaient et plus que les visites de Jacob étaient nombreuses et que ses départs étaient tard. Il arrivait tôt le matin et partait tôt de l’autre matin. Il lui est même arrivé de dormir ici. Notre complicité avait énormément grandi et son absence m’était devenu une punition. Je m’étais accroché à lui beaucoup plus vite que je ne l’aurais pensé. Moi, Sophie qui n’avait jamais été dépendante de quelqu’un l’était désormais. Je dois avouer que ce n’est pas si mal d’avoir quelqu’un à ses côtés, d’avoir quelqu’un à qui parler. Je ne me sens plus seule dans ce monde, je me sens comprise. Nous passions tout notre temps juste tous les deux, la plupart du temps dans mon appartement.
Deux mois passer avec lui, nous n’étions pas officiellement en couple, mais agissions tout comme. Ce matin-là, je pris 20 secondes de courage et déposais mes lèvres sur les siennes dès son bonjour. Un sourire se dessinait sur son visage et ses yeux devenaient d’un bleu que jamais je ne pourrais oublier. Cependant, je n’aurais jamais pensé que mon premier baiser serait aussi mon dernier. Jacob s’approcha de moi et me prise dans ses bras. Il s’assit sur le divan en m’amenant avec lui.
-Sophie? Dit-il d’un air triste
-Oui ai-je répondu dans un moment d’hésitation
-Tu sais que je t’aime ? Tu sais que j’ai vécu les plus beaux jours de ma… Dit-il sans arriver à finir sa phrase
-De ta vie! Moi aussi ! tu m’as apporté un bonheur inconditionnel. Poursuivais-je
-Tu peux trouver le bonheur n’importe où ailleurs. Tu es formidable Sophie et je m’excuse de t’avoir fait perdre ton temps. Si je t’avais connu avant, je te jure que les choses auraient été différentes. Dit-il sur un ton désolé.
– De quoi parles-tu ? je n’arrive pas à comprendre. Demandais-je
– Sophie, Tu sais j’ai eu un moment difficile à cause de mon père, ma mère, ma sœur et l’école. Je n’étais pas à la hauteur, Sophie je n’arrivais plus à me regarder dans le miroir. Dit-il
– Maintenant ça va mieux ! L’interrompais-je
– Sophie tu ne t’ai jamais demandé pourquoi je ne servais personne à l’épicerie ? Pourquoi j’ai réussi à entrer dans le vestiaire des filles? Pourquoi nous nous voyons toujours ici à cet appartement? Pourquoi tu n’es jamais venue à mon appartement ? Pourquoi la seule sortie nous avons fait était à ce café ou presque personne ne va ? Non, je n’ai pas honte de toi. J’aurais tellement voulu que tout se passe différemment. Je te le jure, mais Sophie je me suis enlever la vie en sautant du toit de l’école. C’est pour ça que l’appartement était libre et pourquoi il y avait une photo de moi et de l’équipe dans le présentoir à trophée.
Je restais là immobile, muette, aucun mot arrivait à sortir de ma bouche je ne comprenais pas pourquoi la seule personne que j’ai réussi à aimer de tout mon cœur était mort !
-Je n’ai pas voulu te mentir Sophie. Je ne comprenais pas pourquoi toi tu me voyais.
-Pourquoi je te voie alors? Pourquoi tu m’as laissé t’aimer ? Dis-je au travers de mes larmes
-Je t’ai laisser m’aimer, car je t’aime aussi Sophie ! Tu me vois, car le 6 juin tu as toi aussi connu la mort Sophie, tu l’as frôlé de si près que tu as la connexion. Tu peux communiquer avec nous, tu es entre les deux.
J’écoutais chaque parole qu’il disait et je suis restée là sans bouger un bon moment. Malheureusement, ce fut la dernière fois que j’ai réussie à entrer en contact avec Jacob Trudel. C’est triste à dire, mais je me retrouvais encore seule dans cet appartement à me demander pourquoi n’ai-je pas réussi à entrer en contact avec ma mère et à me dire que l’absence de Jacob était beaucoup plus douloureuse que son mensonge.
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