Plaidoyer pour le français, ou, Déplorer un problème aisé à résoudre

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Le long de ses quatre siècles d’histoire en terre d’Amérique, la langue française s’est débattue, malmenée de part et d’autres autant par ceux qui oppressaient la province que par ceux qui y étaient nés. Pour expliquer cela, soyons plus moderne et concret : partons du moment où le français était considéré comme une langue roturière, celle des prolétaires, une langue sale, mal vue en public. Speak White! À l’opposé, la langue anglaise était celle des patrons, des hauts dirigeants, du travail, de l’économie et donc de la réussite, une langue noble. C’était aussi celle des outils, des machines et des techniques, et, pour une communication dite « facilitée », elle s’est insinuée dans le jargon des ouvriers. Si on oublie la répression que subissaient les francophones s’ils osaient souiller l’air des mots de Baudelaire plutôt que de ceux de Poe – les forçant presque naturellement à préférer la langue des dominants – on pourrait dire qu’aliéner aux canadiens français leur rapport avec leur identité en infériorisant leur langue maternelle au profit de leur assimilation par l’adoption de la langue du succès universelle est peut-être la cause de notre négligence de la santé du français.

On semble prendre pour acquis que le français sera toujours là. Or, il faudrait se rendre compte qu’en Amérique du nord, le Québec est le dernier réel bastion pour la francophonie, et qu’il est encerclé par un océan d’anglais. Oui, il reste de minimes regroupements ici et là dans le ROC et aux États-Unis, mais leur assimilation à moyen terme est imminente. La nôtre plane encore au-dessus de nos têtes, depuis tout ce temps-là.

De nos jours, il faudrait avoir la tête dans le sable pour penser que, pour beaucoup de québécois, l’anglais n’est pas une langue « cool », à la mode, qui sonne mieux. Une majorité de jeunes, dont moi-même (j’en ai honte, mais j’y remédie peu à peu) préfèrent la culture en anglais. Une chanson est meilleure en anglais, puisqu’on ne comprend pas les paroles; on se tourne plus volontiers vers les films hollywoodiens – qui sacrifient la qualité pour le succès populaire – que vers le cinéma de Denys Arcand (Le Déclin de l’empire américain, 1986), de Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac, 1990) ou de Claude Jutra (on sait qui sait, espérons-le). La langue maternelle, c’est trop ordinaire, peu importe où.

Je ne mentionne même pas les anglicismes : dans mon cas, l’omniprésence des termes anglais dans la vie de tous les jours, eux qui constituent des raccourcis faciles, obstruent mon bon parler de spécimens communs et gris. Plusieurs fois, à tous les jours, des mots anglais s’imposent à moi pour traduire ma pensée. Or, je suis une personne au vocabulaire francophone assez varié. « Cool », « hot », « stage », « clean », « good » et « nice » sont pourtant les termes qui accablent le plus la pureté de mon français. Les utilisateurs des anglicismes sont condamnables de l’appauvrissement du français s’ils submergent leurs discours d’anglais quand il existe déjà des alternatives appropriées en français pour exprimer leur idée!

Bien sûr, ils pourraient se défendre de ce comportement en disant que d’insérer des mots d’une langue étrangère est une pratique vue aussi chez les anglophones et chez les francophones européens. Certes, c’est vrai. Mais la différence réside dans l’impact sociodémographique et culturel que cela a en fonction de la situation linguistique de l’individu. En effet, un anglophone, très tranquille quant à l’avenir de sa langue, va assaisonner avec insouciance son anglais de chics termes français et enrichir son langage, pas le saper. Pour les franco-européens, c’est la même chose, bien qu’il reste que peu importe où l’on se trouve sur la planète le français n’est pas une langue internationale commune, une langue de l’avenir qui peut autant se reposer sur ses lauriers. À cause du statut politique de colonisation du Québec dans un pays majoritairement anglophone, parce qu’on souhaite encore et toujours étouffer la particularité du Québec qui pourrait amener ses habitants à songer à ce que ce serait d’être un État souverain, et parce que beaucoup de québécois ont déjà une faible connaissance/maîtrise de leur langue maternelle, nous ne pouvons pas nous permettre d’enfoncer davantage le français dans sa décadence en remplaçant des mots légitimes par de la tricherie!

Heureusement qu’il y a des ressources pour contrer les anglicismes pour ceux qui s’en soucient. Mais le gouvernement libéral actuel fait pâlir le positif de ce fait. Non seulement on s’est fait refuser un cours d’histoire au cégep – quelle est la meilleure manière de gouverner un peuple, en étant contre son émancipation, qu’en le gardant dans l’ignorance? – mais en plus, le ministre actuel de l’éducation a comme projet d’instaurer la deuxième moitié de la 6e année du primaire en anglais intensif! Déjà que les professeurs ont de la difficulté à enseigner leur matière en une année entière, ils devraient maintenant la condenser?! Il n’y a pas de meilleure chose que cette mesure pour assimiler les générations à venir en substituant l’anglais au français comme langue d’importance et en détériorer encore davantage la qualité générale! En tout cas, comme l’avait dit Marcel Tessier, «Si les Québécois connaissaient leur histoire, ils seraient souverains depuis longtemps!» Et cet article n’aurait jamais eu de raison d’être.

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