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C’est un petit escargot, rond et dodu, au corps plus court que le reste de son espèce, qui lui confère une démarche bizarre.
Sa coquille est à densité variable. Parfois, elle est molle, facile à percer, à faire fondre; parfois, elle est dure comme du diamant. Sa couleur, en teintes de pastel, ne lui plaît pas toujours, car elle est fade à côté de la plupart des autres hélix. Quelquefois, il lui arrive de jurer que s’il avait des mains, de la peinture et un pinceau, il repeindrait sa carapace à sa guise, pour qu’elle ne soit plus différente, elle, au moins.
Mais d’autres fois, pour un temps limité, il se sent fier de ses particularités, et se pavane langoureusement, dans un sentiment total de liberté.
Ce petit escargot loge parmi les étoiles et se sustente du tissu doux, sucré, chocolaté, texture barbe-à-papa des nébuleuses, quand il n’est pas en train de se vautrer dedans d’aise, pour y sommeiller des heures durant.
Cela, quand il n’est pas en train de s’émerveiller des beautés de la nature au vert profond et riche, sa véritable demeure, ou de celles de la pluie, des ruisseaux, du vent qui manque le faire décoller du sol, des orages, de leurs nuées charbonneuses et cotonneuses et de leurs éclairs qui lui rappellent qu’il est vraiment tout petit.
Mais ce gastropode a son langage propre, crypté, que peu de ses homologues sont assez patients pour décoder, ce qui rend ses rapports sociaux très difficiles, au mieux éphémères et superficiels. Mais parmi les milliards de bébètes rampantes sur la mousse tendre, les circonstances ont voulu que ce petit escargot rond et dodu rencontre un individu qui parle le même langage.
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