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« Que la baleine meurt ou que le Pequod coule! »
Dans une coproduction, le Théâtre du Nouveau monde et Théâtre Il va s’en dire présente au Centre des arts de Shawinigan Moby Dick. La fameuse pièce fait sa première sortie en dehors de Montréal pour être accueillie chaleureusement par les spectateurs de la région.
Bryan Perro et Dominic Champagne ont mis en commun leur talent d’écriture afin de réaliser ce projet d’envergure. Ils ont porté un soin minutieux au texte pour transmettre avec fidélité sur les planches l’essence de l’œuvre originale d’Herman Melville. Avec le talent de metteur en scène de Champagne et une distribution comportant des artistes doués, la pièce était destinée au succès.
Ismael (Steve Gagnon) est un jeune homme en quête d’aventure. Naïf, il s’embarque à bord du Pequod espérant voir les splendeurs du monde. Mais, il est loin de se douter des épreuves qui l’attendent. Au côté des membres de l’équipage aux origines diverses, il affronte les dangers de la mer. Moby Dick est une histoire tragique d’un baleinier qui, guidé par le désespoir et l’amertume du capitaine Achab (Normand D’Amour), mutilé par la bête géante, part en quête de vengeance contre une immense baleine blanche : « Que la baleine meurt ou que le Pequod coule! ». Tel était le mot d’ordre, la devise, la dernière directive qui insuffle aux marins un courage borné. Ainsi, Ismael narre leur périple funeste et leur rencontre avec le monstre blanc, fléau issu des profondeurs de l’océan.
Le décor fantastique et aux multiples fonctions incarnait à la fois une chambre d’hôtel, le dos d’une baleine, le pont du bateau ainsi que son mât et sa voile. Cette structure monumentale tournoyait au gré des intempéries et donnait à la pièce du dynamisme.
Les nombreux accessoires et les costumes magnifiques accompagnaient les acteurs dans une chorégraphie d’un réalisme envoûtant. Le jeu d’acteur époustouflant et le texte ressenti jusqu’au tréfonds de l’âme donnait vie à cette vielle histoire.
Les projections transportaient la salle à l’autre bout du monde au milieu de l’océan. Le jeu de lumières était grandiose et accompagnait le récit en régalant nos yeux ébahis. Il contribuait à la compréhension de certaines scènes et à la création de l’ambiance.
Le son, quant à lui, sort des sentiers battus. Le guitariste, Sylvain Deslisle, grattait ses cordes dans des rythmes endiablés et soulignait les actions périlleuses des marins. Il est parfois accompagné par Frédérike Bédard. Tout au long de Moby Dick, elle poussait sa voix dans un chant de cachalot d’un réalisme impressionnant.
Tous les éléments étaient ainsi réunis pour stimuler l’imagination dans un tourbillon de sensations prenantes.
Dès le début de la pièce, le spectre inquiétant du monstre marin flottait dans l’air. L’ambiance enveloppait la salle comble dans des embruns salins et faisait tanguer les bancs des spectateurs au gré des vagues imaginaires. L’utilisation généreuse de l’eau apportait l’océan sur la scène où les acteurs se mouvaient, possédés entièrement par leur personnage. Tous se laissaient emporter par le charisme du capitaine Achab et, involontairement, croyaient en sa quête folle et désespérée. La salle, la scène, le décor semblaient disparaitre. L’esprit habité par l’intrigue, je vivais dans la peau d’un marin à bord du Pequod. Moi aussi, je voulais me lever et crier à m’en exploser les poumons : « Que la baleine meurt ou que le Pequod coule! ».
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