Route 132 : Suivre ou fuir

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Si le film Route 132, réalisé par Louis Bélanger et sorti le 6 octobre 2010, est un road-movie émouvant, il faudra sans contredit nommer l’acteur principal François Papineau qui, la même année, a joué dans Une vie qui commence. Ces deux  films présentent le même thème : le deuil. D’un côté, il y a un homme qui souffre de la mort de son fils et, de l’autre, un enfant qui pleure l’absence de son père. Dans le premier, il y aura, malgré tout, deux personnages qui chercheront leur destinée sur cette longue et sinueuse route par le retour dans le temps et des divers questionnements qu’ils subiront.

En effet, Gilles, interprété par François Papineau, fuit Montréal avec un ami d’enfance (Bob), incarné par Alexis Martin, aussi le coscénariste du film. Ils veulent, tous deux, voler une banque pour s’enrichir malgré les vraies raisons du départ, soit l’errance d’un père endeuillé voulant fuir l’enterrement de son garçon de cinq ans et le désir du changement vécu par le deuxième personnage. Le père n’accepte pas la mort de son fils et préfère fuir ses responsabilités. Bien sûr, leur destin n’est certainement pas relié à l’argent ni à l’enrichissement puisque bon nombre d’embûches les mènent plutôt vers la connaissance d’eux-mêmes. Après avoir commis quelques délits minables, Bob s’amourache, en région, d’une mère monoparentale qui lui promet un avenir qu’il ne concevait pas lui-même, la famille qu’il n’a jamais eue. Gilles renoue avec des membres de la sienne, auxquels il n’adressait plus la parole, pour progressivement prendre ses responsabilités tout en ne fuyant plus son destin et en acceptant de retourner où il se devait d’être, soit de se faire arrêter par la police pour affronter la réalité, en vivant avec les conséquences de ses actes.

Bien sûr, ces routes austères et désolées du Bas-du-Fleuve, tournées par Pierre Mignot, accentuent très certainement le côté tragique de cette œuvre cinématographique. La profondeur et la richesse des paysages de Rivière-du-Loup et de Kamouraska se transposent dans la tristesse qui émane du scénario. Par contre, quelques blagues permettent une certaine distanciation par rapport à cette mort, au deuil porté par le père. Par la recherche d’humour, on cherche peut-être à rendre le thème principal plus léger. C’est ainsi qu’il y a un équilibre entre les deux tons donnés à ce film grâce au deuxième personnage qui n’est pas détruit, mais sort plutôt grandi de ce voyage. Par contre, bien que l’accent soit mis sur le drame qui enrobe ces deux antihéros, cette route n’est pas celle que l’on verrait si Louis Bélanger avait voulu faire de cette région un coin de pays parfait. Dans son errance, Gilles rencontre des membres de sa famille comme sa grand-mère. Dans sa résidence très mal entretenue, les conditions sont le reflet de ce que les aînés connaissent de la réalité. Ils sont déshonorés.  Aussi, d’autres personnages tels que d’anciens combattants, revenus marqués à jamais de la guerre, laissent les spectateurs sur des images touchantes de ces croix rendant hommage aux enfants morts qu’ils ont connus en Bosnie. Ensuite, les deux hommes, venant de la ville, se font narguer par des gens de la campagne pour illustrer humoristiquement le conflit qui les oppose, lié à la méconnaissance, à l’ignorance et par le racisme. Le personnage pathétique que représente le pompier ne connaît effectivement pas les gens de la ville, il n’a jamais rien vu de tel. Finalement, par ce profond questionnement sur la mort, le refus et l’avenir, les jeux des acteurs se complètent et contrastent les uns sur les autres. Néanmoins, cette fugue pousse les personnages à accepter leur sort et, à leur retour chez eux, ils affrontent leur destin plutôt que de le fuir. Gilles se rend aux policiers à la fin du film, acceptant symboliquement la réalité et assumant enfin son deuil.

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