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L’adolescence est réputée pour être une étape de la vie riche en rebondissements et en nouvelles expériences qui font accroître la maturité. Elle est aussi connue pour être dure à franchir d’un bout à l’autre sans rencontrer des embûches qui sont la cause de bien des découragements. Un grand nombre d’émotions sont découvertes durant cette période de la vie, avant de s’accumuler sans cesse afin de créer une montagne d’incompréhensions dans l’esprit de la plupart des adolescents. L’une de ces émotions surpasse cependant toutes les autres, trônant au sommet des pulsions et des sentiments : l’amour. Bien entendu, l’amour ne vient jamais seul. Il est souvent accompagné de tristesse, de joie, de mal de vivre, d’incertitudes et de passion. La pièce S’embrasent est un moment figé dans le temps, pendant lequel des pensées, des émotions et des paroles s’entrecroisent et se fusionnent, en nous faisant revisiter nos anciennes histoires d’amour, nos déceptions et nos bonheurs antérieurs.
Dans le chaos de leur vie d’adolescents, quatre jeunes doivent jongler avec de nouvelles émotions auxquelles ils n’avaient jamais fait attention auparavant. Témoins d’un baiser passionné dans la cour de leur école, leur mal d’amour surgit de façon fulgurante et incontournable. Ils donneraient sans aucun doute n’importe quoi pour être à la place de ces deux amoureux qui ont su se trouver dans un monde d’incompréhension. À l’unisson, les quatre adolescents soupirent en pensant à tout ce qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de vivre, ou à ce qu’ils ont mal vécu.
L’écrivain Luc Tartar a tenté d’établir un certain ordre dans ce flot d’émotions, pendant que ces dernières se heurtent, se frôlent ou s’évitent. Toutes plus poignantes les unes que les autres, elles sont dures à vivre, surtout pour des adolescents en pleine découverte de leurs passions. À l’aide d’une forme poétique très près de l’anaphore, Tartar introduit chaque questionnement qui hante les quatre personnages principaux de sa pièce. En effet, chaque scène est présentée par un mot clé, qui débute toujours par la même syllabe ou la même sonorité : s’embrassent, s’enlacent, s’enflamment… Cette caractéristique s’avère très efficace pour capter l’attention des spectateurs. Le jeu des acteurs y est aussi pour quelque chose dans l’intérêt que le public peut porter à la pièce. La passion décrite dans les propos de chacun des comédiens, c’est-à-dire Francisca Barcenas, Christian Baril, Matthieu Girard, Talia Hallmona et Béatrice Picard, se reflète non seulement dans leur voix mais aussi dans toute leur gestuelle. En effet, ils n’hésitent pas à exprimer leurs émotions par la voix du corps, en incarnant merveilleusement leurs rôles d’adolescents et jouant à la perfection l’énergie nouvelle qui se dégage des jeunes adultes. Sans aucun doute, les comédiens de la troupe du Théâtre Bluff, qui sont dirigés par le directeur artistique Sébastien Harrisson, ne sont pas inconnus à la fièvre et aux émois que peut causer l’amour.
Le décor, quant à lui, est particulier. Un divan orange, un micro ainsi qu’un mur. Un mur qui se transforme selon les circonstances, soit en simple arrière-plan, en tableau sur lequel sont livrés des dizaines de secrets, ou encore en mur de maison. Nul besoin de plus de choses pour laisser les comédiens s’amuser à grimper partout et crier leurs sentiments haut et fort. À tour de rôle, ils s’emparent du micro, qui leur procure leur moment de gloire et de confidence. Enfin, ils peuvent se laisser aller. Béatrice Picard ne manque d’ailleurs pas d’étonner l’auditoire en entamant un hymne à l’amour, dédié aux jeunes adolescents qu’elle observe chaque jour depuis sa fenêtre.
Le chant, la danse, les bonheurs, les tristesses, la sensualité, le désespoir, l’espoir, le drame, la comédie et le mal d’amour forment une seule et même entité, qui s’intitule S’embrasent.
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