Suite pas éthique… pohérésie de Jocelyn Trempe Girard

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Hérétique

Mes fiers frères, fieffeux félons, aujourd’hui, maintenant et à cette heure

Vous êtes tous invités à contempler un mortel qui se meurt

Satan s’étend, s’attend s’attirer satyres

Ce qu’on se marre, contemplant martyres

 

Oh, Satyres! Ça tire et ça s’étire

Ça s’écartèle et ça se démembre

Satan s’entend, sentant sentence sans tendresse

Ces délectables cris sont comme des caresses

 

Ô mes chers invités, j’espère que vous appréciez ce spectacle

L’âme de cet agneau évidé semble avoir déjà quitté son réceptacle

Vous qui voilez en vain la valeur de la vie

En vérité, voici, je vous la vomis:

 

L’homme apparaît sur terre

L’homme marche sur terre

L’homme défèque sur terre

Et l’homme finit sous terre

 

Je suis seul de ma caste comme un hérétique

Ne crains ni juge ni créateur

Jugez-moi nihiliste ou mégalo-cynique

Ces maux ne nient point ma grandeur

 

Dans mon cœur de vipère sale et noirci

Et corrompu et gangrené et pourri

J’ai compris le vrai sens de la vie

Et je vous le dévoile ainsi

 

L’homme apparaît sur terre

L’homme marche sur terre

L’homme défèque sur terre

Et l’homme finit sous terre

 

Ma réponse est bonne, c’est une merveille vermeille

Ma voix sera le carbone, la fibre sera leurs oreilles

 

Je vous vois

Je vous vois.

Vils et serviles, avides de vérités vides.

Vous voudriez vulgariser vers et vautours et vice-versa.

Vos vies valent votre velléité, vice vampirisant vainement votre valeur.

Veillez, réveillez et voyez-vous; vierges violées vociférant vengeance au travers vos versets vieillissants.

Vendez vos visières, videz votre vin, voyez votre vertu!

Voici votre vaccin: volez votre voleur, vêtez-vous de violence, revendiquez vaillance.

Visez votre victoire en vous vainquant vous-même.

 

La bête

Quelque chose de plus grand; quelque chose de plus fort

Qui m’étrangle et lacère ma cervelle et mon corps

Et un jour cette passion, devenue obsession

Me poussera à l’action de fuir cette prison

 

Mais la bête est présente, et elle gronde, et elle chante

Et affronte incessamment l’espoir et me hante

Pour centrer l’attention sur son être imprévu

Elle fait toujours ses griffes sur mon âme incongrue

 

Et sépare ma chair du bien

Toujours sans relâche à chaque matin

Elle est sans attache, et moi son chien

Et m’amourrache du malin

 

Mais prends soudain une pause

Ou est-ce une pause qui me prend

Pour savourer la prose

De celle qui me surprend

 

Elle est là, je l’entends

Elle est lasse, je l’attends

Elle m’embrasse et m’embrase

M’extirpe de mes tourments

 

L’amour

L’amour, c’est une simple petite coupure sécuritaire

Qui appelle l’éveil et me transporte dans chacun de mes regrets

Ça n’est pas qu’une petite coupure qui saigne et sèche et galle et guérit,

Et je n’ai pas peur de saigner, pas peur de mourir, ni d’aimer, ni de me battre!

Je veux la souffrance du prix exigé!

Que me reste-t-il à part cette légion de cicatrices

Qui font office de noires nostalgies abîmées?

 

Seras-tu ma petite coupure?

Seras-tu ma noire nostalgie?

Et feras-tu une marque qui rendra liquide ma culpabilité

Pour remplir et vider chacun de mes souvenirs et pensées?

Même si je n’en souffre pas lorsque la lentille est rivée sur moi

L’amour ne ressemble à rien ici-bas

Sauf à un putain de katana!

Mais j’aime les couteaux

Et je t’aime, toi

 

Pastiche Pompier

La première game de tic-tac-toe, c’toujours le fun

La première fois qu’tu joues aux échecs, c’toujours le fun

La première fois qu’tu joues au scrabble, c’quand même le fun

Mais quand viens l’temps d’s’améliorer t’es quand même loin d’trouver ça l’fun

 

Tu voulais rien d’autre que t’amuser, t’as pas l’intention d’te rendre en championnat

Pis quand quelqu’un t’propose de jouer, tu trouves ça l’fun juste si tu l’bats

 

Maudit qu’on est lâche

Bâtard qu’on est poche

Siboire que c’est l’fun

Calisse j’abandonne!

 

La première s’maine de ta session, c’toujours le fun

Le premier devoir d’la session, quand même le fun

La première sortie d’ton programme, c’est vraiment l’fun

La dernière s’maine de ta session, t’es pas mal loin d’trouver ça l’fun

 

Tu voulais rien que ton DEC, t’as pas l’intention d’te rendre au baccalauréat

Quand tu voies ta cotte R baisser, tu t’dis ç’pas grave, j’vais m’arrêter là

 

Maudit qu’on est lâche

Bâtard qu’on est poche

Siboire que c’est l’fun

Calisse j’abandonne

 

Énigme Métalinguistique

Pronom personnel, première personne indiquée au singulier

Ponctuation diacritique, indique une voyelle élidée

Verbe aimer du présent indiqué, au précédent nom accordé

Article défini, épicène pluralisé

Nom commun, ensemble de signes sémiologiquement codés

Adjectif qualificatif, épithète au dernier mot apposé;

Désignant un ensemble de règles formalisées

Signe de ponctuation, courte pause typographiée

Adverbe indiquant manière qui devant la suite est préposé

Suivi d’un défectif qui indique une proximité présentée

Article défini, numéral au singulier

Ponctuation diacritique qui indique ma phrase terminée.

 

Buffet Froid

Y’a rien de plus froid qu’un buffet froid

S’goinfrer d’viandes froides, avoir vu l’corps froid

Les sandwiches pas d’croûtes, eux aussi sont froids

Mais ça m’dérange pas trop, parce que moi j’aime ça

 

Ya du monde qui braille pis moi j’reste froid

J’prie très fort le yâbe pour qu’ça paraisse pas

On parle d’héritage, ça j’trouve ça froid

Faut crère que l’partage s’fait même dans l’au-delà

 

J’bois un p’tit peu trop pour faker que j’trippe pas

Fuck le cortège, j’m’en r’tourne chez moi

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