Terreur nocturne – Nouvelle de Frédérique G. Desroches

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-Bon… je pense que je vais vous dire bonne nuit.

-Bonne nuit! Dors bien! me répondirent en chœur les gens rassemblés autour de la table de la cuisine, le paquet de cartes éparpillé à travers les rires.

Leur envoyant un signe de la main, je me dirigeai vers ma chambre malgré l’heure peu avancée. J’avais un examen très important le lendemain matin et je voulais être bien reposé, même si j’étais un peu triste de ne pas passer plus de temps avec mes cousins et leurs parents qui étaient venus nous rendre visite ce soir-là. Nous ne les voyions pas souvent, raison de plus pour être déçu de ne pas rester plus longtemps à jouer avec eux, mais bon, parfois il faut savoir faire des sacrifices. J’allai donc me préparer à me coucher et m’endormis paisiblement quelques temps plus tard en dépit du stress qui m’habitait.

Je me réveillai en sursaut sans vraiment savoir pourquoi, complètement couvert de sueur froide, frigorifié et tremblant sous mes épaisses couvertures. Un sentiment intense de terreur m’habitait alors que, pourtant, à première vue, il n’y avait aucune menace. Cependant, mon instinct me hurlait de fuir les lieux au plus vite. Je pris un instant pour écouter les bruits de la maison, à la recherche de ce qui aurait pu me réveiller ainsi, mais il n’y avait pas le moindre son, pas même un grincement causé par le vent, presque comme si le temps s’était suspendu. Je voulus regarder l’heure sur le cadran à mes côtés, mais seuls mes yeux bougèrent dans sa direction. Tout le reste de mon corps était complètement paralysé, je ne pouvais faire le moindre mouvement. Je parvins difficilement à apercevoir l’heure clignoter en rouge : vingt-deux heures trente-quatre. Je n’étais couché que depuis une heure et demi, alors pourquoi la maison était-elle aussi silencieuse? C’était impossible que tout le monde soit déjà parti se coucher. Je réussi ensuite, non sans quelques efforts, à balayer la pièce du regard. Ma chambre était plongée dans la pénombre, j’avais donc un peu de difficulté à distinguer toutes les formes. Néanmoins, je crus remarquer une lueur provenant d’entre les rideaux de ma fenêtre dans laquelle j’avais l’impression de distinguer une silhouette humanoïde qui m’observait. Tous mes muscles se tendirent aussitôt dans leur paralysie. Mes yeux s’accoutumaient de plus en plus à la noirceur et je voyais plus clairement la créature qui se tenait devant ma fenêtre. Elle était immense, devant courber l’échine pour ne pas toucher le plafond, et complètement décharnée : si maigre qu’elle ressemblait à un squelette, vêtue de lambeaux, à moins qu’il ne s’agisse de sa propre peau. Elle était faite en longueur, ses bras descendaient plus bas que ses genoux et ses doigts osseux touchaient presque le sol. Tout ce que je pouvais distinguer de son visage étaient deux trous béants sans fond à la hauteur des yeux semblant aspirer toute lumière, ceux-ci étant apposés sur une masse d’un blanc laiteux. La terreur envahissait la moindre de mes cellules, mon cœur battait à une vitesse effrénée, mais j’étais incapable de crier, incapable d’ouvrir la bouche. Ma mâchoire était bloquée, mes lèvres étaient soudées et ma langue refusait tout mouvement. Je ne pouvais rien faire d’autre que de contempler la créature de cauchemar qui se tenait là, devant moi, dans ma propre chambre. Soudain, la chose sembla se mouvoir lentement dans ma direction à la façon d’un nuage, semblant flotter à quelques millimètres du sol. Je crus alors que mon cœur allait me lâcher pour de bon. Mon souffle s’accéléra et je remarquai que, plus la créature approchait, plus j’avais froid et plus ma respiration laissait échapper une épaisse brume givrée. Elle arriva finalement à ma hauteur, penchée au-dessus de mon lit alors que je ne pouvais rien faire d’autre que de la fixer. Une odeur putride atteignit mes narines, me donnant une légère nausée. Maintenant que la créature était plus proche, je remarquai quelques détails supplémentaires, tels que les immenses griffes noires au bout de ses longs doigts. Juste comme je les apercevais, elle leva lentement son bras, écartant ses doigts, et ainsi ses griffes, au-dessus de mon visage tordu dans une grimace de terreur. Puis, soudain, le monstre rabattit sur moi sa main griffue à toute vitesse.

Je me réveillai en sursaut pour la deuxième fois, me redressant par réflexe, le souffle court, le cœur battant la chamade et trempé de sueur. Je pris quelques instants pour réaliser ce qu’il venait de se passer. J’avais fait un mauvais rêve, tout simplement. Je repris mon souffle et poussai un long soupir de soulagement. Encore un peu tremblant, les jambes molles, je me levai et me dirigeai rapidement à la salle de bain se trouvant à l’autre bout du couloir. Aussitôt la lumière allumée, je m’aspergeai le visage d’eau froide pour me réveiller complètement et en quelque sorte m’assurer que je n’étais pas toujours en train de rêver. La scène m’avait paru tellement réelle, la peur m’envahissait encore seulement en y repensant. Une fois complètement revenu à moi, bien convaincu d’être réveillé et sans le moindre monstre autour de moi, je sortis de la salle de bain, refermant la lumière derrière moi. Maintenant plus conscient de ce qui m’entourait, je remarquai, en retournant dans le couloir, que la lumière du salon était allumée. J’allai jeter un coup d’œil pour voir ce que mes parents et cousins faisaient. Cependant, plus j’approchais, plus je remarquais des choses étranges. La température semblait baisser au même rythme que mes pas et une odeur nauséabonde, mais étrangement familière, envahissait lentement mes narines. Le sol commença à crisser sous mes pieds. Je baissai les yeux et vit alors le givre qui couvrait le plancher jusqu’au salon. La peur et même la panique montèrent en moi à toute vitesse, mais je pris tout de même mon courage à deux mains et continuai d’avancer vers la pièce silencieuse. La scène que je découvris me pétrifia d’effrois. Toute ma famille, mes parents, ma tante, mon oncle, mes cousins, tous étaient affalés sur le sol, leurs corps mutilés par d’immenses plaies longues et profondes, leur sang qui maculait leurs vêtements ainsi que le sol et les meubles. Même les murs avaient été éclaboussés abondamment lors de la boucherie. Quelques lambeaux de chair avaient collé par-ci, par-là parmi les cadavres lacérés. Des traces de griffes aussi profondes que les blessures couvraient les murs, le sol ainsi que les meubles. Le sang, la chair, leurs yeux sans vie qui semblaient me fixer… je fus secoué d’un haut le cœur soudain et violent, mélange de dégoût profond et de terreur. Tout à coup, mon cœur cessa complètement de battre. Une main blanche osseuse, décharnée, aux doigts plus longs qu’une règle et munie de griffes noires tout aussi longues venait de se poser sur mon épaule. Lentement, sans même savoir pourquoi, comme si mon corps était contrôlé par une force extérieure, je me retournai vers la créature à qui appartenait cette main hideuse, puis je hurlai de toute mes forces.

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