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La vie est belle. Pfffff, tellement cheesy… Merde! Parlant de cheesy, y me reste plus de Cheez Whiz pour mes toasts demain (je sais, j’passe tout le temps de la poule à l’âne). En tout cas, la vie est belle, ça veut rien dire. C’est l’genre de phrase écrite sur des tasses pis des coussins qu’ma mère achèterait. C’est aussi une phrase que le monde qui pense que le destin ou d’autres trucs spirituels existent se disent pour se rassurer. Faut tu être assez désespéré pour croire à ces affaires-là. Assume-le donc que t’as trompé ton chum parce que t’es dégueulasse pis égoïste pis arrête de dire que c’était meant to be parce que vos signes astrologiques fittaient plus.
Chus pas encore certain d’comprendre c’est quoi la vie, mais j’sais qu’la mienne est pas tant belle. Par contre, j’sais qu’on en a juste une. C’pour ça qu’toutes les fois que j’ai eu l’occasion d’me suicider, je l’ai pas fait. C’pas vrai qu’tu vas devenir une étoile filante pis qu’tu vas aller rejoindre ta grand-mère au paradis. Ça se peut pas. Tu le sais ben qu’c’tait la dernière fois que tu la voyais quand tu y as tenu la main sur son lit de mort. Encore une fois, le monde invente des histoires pour pas avoir à affronter la réalité
Chus ben chanceux d’avoir pleuré quand le médecin m’a tiré pour m’essuyer alors que le cordon bélical était toujours accroché après ma mère pis moi. Chus chanceux, mais ça y tentait pas, au spermatozoïde qui m’a créé, de féconder l’ovule d’une petite mexicaine, hawaïenne ou tout ce qui finit en enne? Ben non, chus un beau Shawiniganeux. C’pour ça j’me sauve souvent…
Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller à Cuba! Ben oui, des fois chus basic de même. J’trouve ça sexy quand le soleil me fait ressembler à d’la crème glacée napomitaine. J’aime ça serrer mes dents pis mes yeux le soir quand mon after sun me chauffe les joues. J’aime ça m’réveiller la nuit pis regarder mon souper flotter dans toilette parce que j’ai encore oublié que l’eau est pas potable. Ce que j’aime surtout, c’est m’gratter la tête dans douche pour enlever chaque grain de sable. C’est satisfaisant.
La guide touristique (j’assume pas son genre, elle porte un macaron she/her) nous a dit d’pas sortir du tout inclus. C’est plus sécuritaire. Est québécoise, c’pour ça je l’ai comprise. J’veux d’la liberté moi, pas d’la sécurité! J’adore faire le contraire de c’que les gens m’disent. Ça m’fait du bien à l’âme. C’pour ça que j’pars explorer down town Cuba pieds nus sur la sphalte brûlante. Anyways, les mononcles saouls dans piscine pour enfants m’tapaient déjà sur les nerfs.
J’me regarde voler dans le village aussi bruyant qu’le stade quand Gary Carter a quitté les Expos. Mes pupilles couvrent tout mon œil pour rien manquer. On dirait que j’respire un sauna. Mon front pleure de l’eau de mer. Mon nez pleure du sang. Mes dents s’cognent les unes contre les autres. Mon cœur débat de joie. Quand j’ai décidé de cligner pour la première fois ce qui se cache derrière mes lunettes, j’me suis retrouvé sur le top d’un magasin de bijoux cheaps. Mon cœur me pince quand j’regarde en bas. LOL. Comment j’me suis ramassé icitte? Au moins, la vue est magnifique. Le soleil s’en va dans les bras de Morphée. Y’a des oiseaux qui jousent d’la guitare avec mes cordes vocales. Chus un Bulk Barn de rires. D’plus en plus fort. Mes bras dansent tout seuls au rythme de maracas. Si j’aurais quelque chose pour prendre des photos, j’en prendrais plein. J’les posterais avec des hashtags du genre #etreinfluenceurcestunvraimétier. J’me sens libre comme l’art.
Y’a un p’tit gars qui arrête pas d’crier. J’y ai lancé une roche pour qui se taise, mais y’a crié encore plus fort. C’est fatiguant des enfants. J’ai changé de spot. Mon corps ne fait qu’un avec ma chaise longue. Chus mou comme la limace entre mon pouce pis mon index. Les nuages me pissent dans face. J’reste là. On est pas fait en feu. La vie est… sick.
Ça frappe à porte. Ma mère m’a toujours dit d’pas ouvrir aux inconnus. Ça frappe encore comme si la personne était fâchée. J’bouge pas d’un poil de sphinx. Deux hommes la défoncent avec leurs grosses bottes sales. Qu’est-ce qu’ils me veulent? J’comprends rien de c’qu’ils me disent. Ça me rappelle mes cours de philo. J’donne des coups d’poings pis j’me débats. Pas d’autres choix. Légitime défense. Les terroristes m’ouvrent les yeux pour me foutre une lampe de poche dans face. Comme si les flashes rouges et bleus étaient pas assez. Y veulent me rendre aveugle. C’est ma première torture. J’sens qu’mes jambes veulent arrêter d’supporter le reste de mon corps. Ça tourne trop vite. J’réalise que la grande roue à Ronde est pas si pire que ça. Ma deuxième torture s’approche. Un me paralyse pendant que l’autre m’étouffe avec un masque. Ils veulent sûrement m’endormir pour m’amener plus facilement sur l’ile de Squid Game.
Bip… bip… bip… J’me suis réveillé sans m’être rendu compte que j’m’étais endormi. Allongé, j’tcheck mes bras qui sont même plus bronzés. D’habitude, c’est les autres qui m’comprennent pas, mais là c’est moi qui comprend rien. J’sais pas chus où. Je cherche du regard des indices : « Hô… pi… tal… du Cen… tre-de-la… Mauri… cie. »
Pas Varadero. Centre-de-la-Mauricie.
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