Un lendemain intrépide… un conte de Sonia Champagne

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

Le pain ? Il y en a en abondance sur la table. Le vin ? C’est une coupe à tous les soirs entre lui et son émission les feux de l’amour. Une maison ? Sans aucun doute l’une des plus petites, mais des plus belles du coin honoré de Balzac, à Sherbrooke .

François Pellerin est un homme respecté à son travail. Il a un bon sens de l’organisation et une bonne notion de conception industrielle et technologique dans les différents projets électriques qu’il entreprend. Après ces grosses journées de travail, il a une seule volonté : écouter son émission. Ce temps est précieux pour cet ingénieur, car c’est son seul moment de consolation et de plaisir. Ce trentenaire se lève le matin à 5h30 pour partir au boulot à 6h30. À tous les débuts de journée, les voies de circulations sont problématiques par l’utilisation individuelle des voitures. Il franchit le seuil de l’immense maison vide environ à 18 h 30 avec l’odeur enivrante du souper préparé par son employé de maison. Il dépose sa mallette, son artillerie et dispose ses
soucis dans le vide pesant des espaces du foyer. C’est alors qu’il prend son verre de vin et s’enracine sur son divan.

Ce soir-là, dans son mode zombie habituel des vêprées, il ressent un désir profond d’adrénaline en réponse à son émission télévisée. François, aux cheveux poivrés par l’usure du temps, se déracine spontanément en répondant à cette envie hors du commun. Il prend son MacBook, il s’isole dans son atelier et commence à faire des recherches sur une destination possible. Au fil des propositions qui lui sont offertes, il n’a pas lieu d’attendre. C’est le soir que cet homme mit le pied au sol.

La ville de Québec présente un mode de vie serein, fêtard, divertissant et illuminé dans plusieurs sens. C’est la destination qu’il choisit comme échappatoire et comme moyen d’écouter et de subvenir à ses besoins actuels. Avant de faire ces valises, il contacte son supérieur et lui explique, de façon urgente, qu’il doit répondre à un problème d’ordre familial. Beau subterfuge…

La dernière fois où François a fait ses valises pour un séjour loin du quotidien oppressant c’était avec son père, actuellement décédé, il y a 4 ans. Ils sont partis à la pêche au lac de la Baie-de-la-Tour en Anticosti. Assis dans la chaloupe, le temps s’arrêtait au travers du changement de lumière. Après son décès, les aiguilles de l’horloge ont tourné plus rapidement ne ranimant pas la flamme de l’aventure qui brûlait en lui.

Il est 21 h 30 en cette journée pluvieuse du 30 août quand il part de sa demeure. Le cœur léger comme une neige folle d’une douce journée, il retâte les folies qu’il pourrait faire. « Elle pourrait s’appeler Carol, ou Elena, ou Julie… Peu importe, elles seront là, dans ma chambre » pense l’homme aux rêves de jeunes croustillants. Scénario après scénario, son sexe lui crie d’arrêter avant de perforer la fermeture éclair.

À l’hôtel Manoir Morgane au centre-ville de Québec, François performe, nuit après l’autre, au travers des cris de jouissance féminine. Malgré son âge qui pèse sur son corps fatigué, cet homme d’affaires prend les occasions pour s’évader de sa vie construite autour du travail et de ses coupes de vin.

Il fait la tournée des bars, des musées, des cafés, des salons d’art dans l’espoir d’y trouver une réponse à son désir spontané. Évidemment, il repense souvent aux paroles que son père lui disait: « À chaque fois que tu as un désir de partir, demande-toi pourquoi tu es là et pourquoi tu es ici. Rien n’arrive pour rien. » De fait, il a toujours trouvé une vérité intéressante pour le faire progresser. C’est grâce, en partie, à ces paroles qu’il est devenu un homme intelligent avec une bonne compréhension de la vie. Il a une grande capacité d’adaptation. Par contre, son arrogance nombriliste lui fait perdre son charme. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il se parfume à tous les jours au Sauvage Dior pour cacher l’odeur mesquine que se dégage de l’aurore de son esprit.

Dans la nuit du 5 au 6 septembre, il fait la rencontre d’une grande femme de 6 pieds qui est très respectueuse envers elle-même, autrement dit, elle ne couche pas à droite ni à gauche. Pour François, c’est une partie où le chevalier, à l’odeur Sauvage, doit conquérir la princesse. Ces cheveux enflammés, courent jusqu’à sa mâchoire aux traits d’orchidées et au toupet carré, et ressortent ses belles taches de rousseur. François est ébloui par sa beauté exemplaire. Léonie Vandale est son nom.

Dans la maladresse hypnotisée par ces yeux brun clair, il lui demande de dormir avec lui. Dans la douceur de son regard et de ses gestes, elle accepte avec certaines conditions. Premièrement, il est hors de question qu’ils aient du sexe, mais ils peuvent dormir collés. Deuxièmement, il doit l’accompagner au Monastère les Petits Frères de la Croix, à Charlevoix, le lendemain de leur rencontre. Dans la folie de ses beuveries, il accepte avec joie l’offre de la femme. Il a gagné.

Le lendemain matin, son ventre est rempli de papillons qui se battent au fond de la cave. La chaleur de son corps lui fait perdre la notion du temps. Il se sent confortable dans cette idée de partir avec Léonie pour une autre aventure. Voilà que cette flamme qui était partie, maintenant elle est revenue.

Ce n’est pas ce que François espérait vivre. Depuis qu’il est arrivé au monastère, il n’a parlé qu’à deux reprises : pour s’inscrire à la retraite de trois jours et s’informer des lieux. Par contre, il ne peut pas nier la beauté naturelle dans laquelle il se trouve. Loin de s’imaginer à quelle péripétie de sa vie il fait face, il sent qu’il est à la bonne place.

Dans le silence absolu de la plaine et séparé des femmes, il se retrouve confronté à une solitude embarrassante. Plus que ça, il baigne dans un endroit où tout le monde est accepté dans ses différences et dans sa croyance. Pauvre de cœur, l’homme aux habits de noces est foudroyé d’un amour incompréhensible qui apaise ses questionnements. Voilà qu’il était perdu, maintenant il est retrouvé comme une brebis loin du troupeau…

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *