Un Québec heureux?

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Qu’est-ce que le bonheur? Où peut-on le trouver? La société québécoise est-elle vraiment heureuse ou est-ce une illusion créée par les antidépresseurs?

Malgré de nombreuses recherches, le bonheur demeure encore une notion à définir avec exactitude. Il constitue l’une des plus grandes questions philosophiques à laquelle l’être humain tente de répondre depuis qu’il a arrêté de survivre et commencer à vivre. Même en ne sachant trop ce que c’est, les gens en font la quête de leur vie. Pourquoi? La réponse est simple: le concept du bonheur en soi attire les individus, car nous sommes tous ultimement à la recherche du contentement et du bien-être, voire de l’absence de souffrance.

De nombreux travaux sont en processus de réalisation dans plusieurs domaines tels que le département de la « psychologie positive » aux États-Unis, la sociologie, la neuroscience, la génétique et l’économie. Bien que tous s’accordent sur le fait que les émotions positives provoquent un surcroit d’activité dans le cortex préfrontal gauche, être heureux est une expérience entièrement subjective. Néanmoins, je crois que les termes que j’ai choisis plus haut sont une estimation assez juste du bonheur et c’est une opinion partagée avec beaucoup de psychologues.

Moi-même, je ne suis pas psychologue, mais mes recherches m’ont appris que, au vue de sa définition subjective, je peux toujours exposer mon opinion et les faits intéressants sur le sujet tout en demeurant pertinente. Après tout, les chercheurs s’appuient énormément sur l’opinion personnelle des individus interrogés afin de vérifier leurs résultats.

« Gardons-nous donc d’appliquer au bonheur nos propre critères », recommande Daniel Todd Gilbert, écrivain et professeur de psychologie à l’université de Harvard.

C’est dans cet esprit que l’ONU fait son Rapport sur le bonheur dans le monde. Il découvre que les gens s’estiment heureux en se basant sur leurs critères de vie. De plus, sauf dans les pays les plus pauvres, le bonheur est plus influencé par la qualité des relations humaines que par quelques critères monétaires.

Un sondage international (Gallup) est mené par l’université McGill afin de déterminer le niveau de bonheur sur une échelle de 0 à 10 de 19 000 personnes. Avec surprise, on découvre que le Québec surclasse 157 pays enregistrés et se retrouve à la seconde place derrière le Danemark.

Une surprise en effet puisque le Québec est réputé comme une province canadienne pourvue d’un haut taux de suicide et d’une population insatisfaite de ses conditions de vie voire malheureuse. En 1985, seulement 32% se sont déclarés satisfaits de leur vie ce qui représente 15% de moins que la deuxième province « la plus malheureuse » au Canada. Par conséquent, il est plaisant de constater que le Québec ne porte plus le fardeau du misérable titre de la « plus malheureuse province canadienne ». Effectivement, en 2008, à la lumière d’un nouveau sondage, on découvre que 71% des répondants attribuent au moins un 8 sur 10 à la quantité de bonheur dans leur vie. Cela représente 6% à 8% de plus que les trois plus grandes  provinces.  Le Québec s’installe maintenant confortablement en deuxième place, juste après Terre-Neuve, dans le classement des provinces les plus heureuses.

Chris Barrington-Leigh, un économiste à l’institut des politiques sociales et de la santé à McGill, attribue cette remontée à l’apaisement des tensions linguistiques et nationalistes qui profitent à toutes les communautés impliquées.

Je trouve cela particulièrement étonnant, car l’un pourrait croire que poursuivre un but commun, partager un idéal unifierait la population. Néanmoins, je comprends qu’il y aura toujours une opposition proportionnelle à la force que l’on met à poursuivre et convaincre les gens des avantages de son idéologie.

Par contre, cela revient à dire qu’il ne faut pas faire de vague pour avoir une population heureuse ; pas de changement rencontrant une opposition assez forte pour diviser la population, pas de grands sujets de controverse, pas d’idéologie extrémiste. Tout doit être en équilibre, neutre.

N’est-ce pas le premier pas vers l’apathie? Après tout,  marcher est une suite de déséquilibres momentanés et cela nous permet d’avancer. En ne faisant rien, en se complaisant dans notre petit confort personnel, ne laissons-nous pas le champ libre à tous les ambitieux du monde qui n’ont pas peur de nous mener par le bout du nez avec quelques promesses en l’air? Il est bien décevant de constater que c’est déjà probablement le cas.

Surtout que la population québécoise baigne dans un cocktail presque abrutissant d’antidépresseurs. Bravo à nous pour notre seconde place au classement de la province la plus heureuse du Canada! Pays, qui, je vous le rappelle, est l’un des plus grands consommateurs d’antidépresseurs au monde. « Le gens veulent une pilule du mal de l’âme qui agit tout de suite. Aller en thérapie, c’est long. À l’ère de l’ici et maintenant, on veut endormir les maux de notre société par des actions à court terme », déclare le sociologue Richard Lefrançois, professeur associé à l’université de Sherbrooke.

Les gens préfèrent cette solution temporaire à celle plus permanente pour guérir le mal d’être, car cette dernière demande du temps et des efforts.  On sait bien que c’est plus facile de prendre une pilule. Un comprimé et hop!, on oublie tous ses problèmes. Et puis, on sait aussi que le temps, c’est de l’argent : on en n’a pas à perdre.

Ainsi, en 2011, au Québec seulement, on enregistre 14,2 millions d’ordonnances d’antidépresseurs! Encore une fois : félicitations, Québec! Quelle province heureuse où il fait bon vivre!

Au vue de notre statut si bien mérité, M. Barrington-Leigh compare le Québec avec les pays scandinaves réputés pour leur haut taux de satisfaction des conditions de vie. Il annonce que leur bonheur commun serait lié à plusieurs facteurs de société et d’économie qui incluent : une grande importance pour l’équité socioéconomique, des investissements massifs dans l’éducation, le soutien aux parents et aux enfants, une assurance sociale ainsi qu’une protection de l’héritage environnemental.

Déjà, plusieurs des points abordés sont présentement des sujets de controverse au Québec. Avec l’austérité, l’éducation souffre des coupures budgétaires et le soutien aux parents est de plus en plus ténu.

Le soutien aux enfants est une autre histoire. Avec le manque d’argent, les classes sont remplies à craquer sous la charge d’un seul enseignant débordé. Les activités scolaires sont annulées par manque d’argent encore une fois. Les élèves ayant besoin d’un aide spécialisée en souffrent tout particulièrement, car ils doivent attendre une éternité avant d’être diagnostiqués et ainsi avoir droit aux mesures adaptées à leur condition. Un écart considérable se crée ainsi avec leurs camarades de classes. Cela les décourage et aboutit au décrochage scolaire.

Le système de santé n’est pas mieux. Loin de là. Des urgences engorgées, des infirmiers et infirmières épuisés, manque d’argent et de docteurs…

Mais, je m’égare. Pour en revenir aux facteurs responsables du bonheur qui lient le Québec et les pays scandinaves, M. Barrington-Leigh affirme qu’il existe une grande confiance à l’égard de la société qui est dirigée par un gouvernement « hautement responsable ». Vraiment? « Hautement responsable? » Hmmm…

Tout cela pour dire que je ne pense pas être encore prête à déclarer la société québécoise comme étant heureuse ou malheureuse. Il y a trop de facteurs à prendre en considération et trop peu d’objectivité pour obtenir une étude fiable. Le Québec est-il heureux ? Honnêtement, je ne sais pas. Tout ce que je peux déclarer c’est qu’il y a toujours de la place pour l’amélioration.

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